Extrême !

roman de Michaël ESPINOSA

- Ouais, je suis végane ! Et alors ?

Scrineo, 2021, 190 p. (Engagé)
Scrineo, 2021, 190 p. (Engagé)

 

Valentin, élève de 3ème, traverse ses années collège sans embûches… jusqu’à l’arrivée de Stana dans sa classe, une adolescente aux principes écologistes et végans affirmés.

 

Rapidement, ils se rapprochent et, fasciné par la jeune fille, Valentin se mobilise à ses côtés dans la lutte pour la cause animale.

 

Il faut changer le monde... Mais à quel prix ?

 

(4e de couverture)

Mon avis :

Voilà un thème dans l'air du temps et pourtant peu traité dans la littérature ado: le véganisme et au-delà, la cause animale. Dès le jour de son arrivée, Stana se fait remarquer par ses propos vindicatifs sur l'élevage intensif et l'abattage. Son objectif: faire prendre conscience à ses camarades de toutes les maltraitances que l'Homme fait subir aux animaux pour son bon plaisir. J'ai été atterrée d'apprendre que beaucoup d'animaleries se fournissaient dans des "usines à bébés chiens", ou encore que l'on inséminait les vaches artificiellement, de force, pour s'assurer qu'elles produisent du lait. Etre végane, c'est refuser de participer à la souffrance animale en ne consommant plus ce qui provient de son exploitation: viande, œufs, produits laitiers, mais aussi vêtements et chaussures en cuir. C'est aussi être contre les zoos, les parcs aquatiques, les cirques. Etre végane, c'est arrêter de considérer les animaux comme des espèces inférieures, c'est reconnaître qu'ils possèdent une sensibilité et une forme d'intelligence, et qu'ils ont droit de vivre libres dans leur milieu naturel.

 

Que l'on adhère ou pas, peu importe. Ce qui est intéressant dans ce roman, c'est l'idée d'engagement, rare chez les adolescents ("Qu'est-ce qui te révolte?"). Stana a le mérite de s'intéresser aux problématiques écologiques, d'avoir développé ses propres opinions et de savoir les défendre de manière argumentée. Mais si elle est en droit de s'exprimer, "il y a la manière".

En l'écoutant, Valentin a le sentiment d'être "mis sur la sellette" ("Ne partait-elle pas un peu loin?"). Ses propos sont souvent excessifs ("Tu vois le mal partout") et ses actes ne vont pas tarder à l'être aussi. Agir, oui ("Chacun d'entre nous peut apporter une partie de la solution globale"), mais dans le respect du bon sens... et des lois. Est-il bien malin d'ouvrir les cages à l'animalerie? Livrés à eux-mêmes, "comment les animaux allaient-ils appréhender la liberté"? Valentin s'interroge, tiraillé entre plaire à la jeune fille et ne pas franchir certaines limites.

 

En réalité, l'adolescent semble agir pour de mauvaises raisons: Stana l'a-t-elle vraiment convaincu comme il le prétend, ou bien la suit-il dans son groupe d'activistes parce qu'il est amoureux ("Elle t'a fait tourner la tête")? Les deux, certainement...

Tant qu'il s'agit de brandir des pancartes (#MeuhToo) et beugler des slogans ("Libérée! Délivrée! Je ne boirai plus de lait!"), tout va bien (c'est un "intermède cocasse"). Mais vandaliser des vitrines de bouchers et de fromagers, et même recourir à la violence physique, "ça va trop loin". De toute façon, ce n'est pas en se montrant agressif qu'on sensibilise les gens, l'effet est même souvent inverse.

Ainsi il y a dans ce livre, comme tous ceux de la même collection, une belle matière à débattre... sans s'étriper!

Patricia Deschamps, septembre 2021

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