Ma gorille et moi

roman de Myriam GALLOT

Elle serait peut-être mieux dans la nature ? Elle ne dépendrait de personne. Vivrait en harmonie sous les arbres, fabriquerait son couchage avec des herbes, se nourrirait des végétaux qu'elle trouverait. Au zoo, les gorilles dépendent de nous pour tout. Nous leur imposons nos volontés. Nos retards. Nos murs.

Syros, 2018, 151 p. (Tempo)
Syros, 2018, 151 p. (Tempo)

 

La maison de Jeanne se trouve au cœur d'un zoo. Le zoo de ses parents !

Quand Jeanne était bébé, ils ont accueilli chez eux une petite gorille, Mona, que sa mère avait rejetée à la naissance. Mona et Jeanne ont grandi ensemble.

 

Mais Mona, qui est maintenant adulte, doit être transférée au zoo de Milan. Alors qu'un groupe de jeunes militants s'insurge et manifeste devant le zoo, Jeanne découvre le discours de défenseurs de la liberté animale. Peut-elle aimer Mona et vouloir la garder auprès d'elle ?

 

(4e de couverture)

Mon avis :

L'histoire touchante d'une relation enfant-animal.

Jeanne et Mona sont très complices. Née quelques mois après l'adoption de la gorille par ses parents, la fillette la considère comme sa "sœur de lait" et a développé avec elle une relation privilégiée : "J'ai toujours été certaine que Mona comprenait quand je lui parlais". Toutes deux passent beaucoup de temps ensemble dans le zoo, à jouer et à se confier : "Je m'assois entre ses jambes, le dos contre sa poitrine. Ma position favorite." Jeanne raconte à Mona tout ce que ses parents, accaparés par leur travail, n'ont pas le temps d'écouter - les petits événements du quotidien comme les grandes émotions de la vie. "Délicate et attentionnée", la gorille câline et réconforte, sachant "s'exprimer par des gestes, des regards, des sons".

 

Et voilà que les militants de Free Animals organisent un blocus du zoo pour empêcher le transfert de Mona à Milan "dans l'espoir qu'elle perpétue l'espèce". Un départ retardé qui arrange bien Jeanne, et surtout qui va l'amener à s'interroger sur les réels besoins de sa gorille : "Je dis mon égoïsme à vouloir garder Mona." Les militants, qui n'exigent pas moins que la fermeture définitive du zoo, ouvrent le débat sur leur existence : un animal est fait pour évoluer dans la nature, pas en cage. La réflexion est menée de manière intelligente, puisque les deux parties s'expriment au fil de l'histoire sans que l'auteur tranche pour un camp ou l'autre. Le père de Jeanne, pour qui "ses animaux sont ses enfants" ("D'ailleurs, avec maman, ils n'avaient pas prévu de m'avoir"...), se présente comme un protecteur ("Les gorilles sont de plus en plus en danger dans leur milieu naturel. Menacés par la réduction de leur habitat et la chasse.") auprès duquel les animaux sont choyés. Cependant, Jeanne réalise aussi "ce que peut être une journée de gorille dans un zoo" malgré tout le soin et l'attention qu'on leur porte : "L'ennui. Le manque de distraction. La solitude."

 

De leur côté, les membres de Free Animals, qui ne sont au départ pas tout à fait honnêtes avec l'adolescente qu'ils cherchent malgré tout à manipuler, finiront par réaliser le caractère extrême de leur position (notamment à cause d'un incident inattendu) et envisageront de "militer autrement". Au final la question ne sera plus : "La place des animaux est-elle dans un zoo ?", il s'agira plus globalement de "penser leur place auprès des humains"...

Patricia Deschamps, septembre 2018

voir aussi "Titan noir" de Florence Aubry
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