U4

U4 est une série de romans post-apocalyptique dont la particularité est que les quatre premiers tomes, bien qu'écrits par quatre auteurs différents, forment une seule histoire et peuvent être lus dans l'ordre de son choix. En effet chaque livre décrit le point de vue d'un seul personnage.


Un virus appelé U4 a décimé en quelques jours près de 90 % de la population.

Les survivants sont essentiellement des adolescents entre 15 et 18 ans.

 

U4 : Koridwen

roman de Yves GREVET

Pocket jeunesse, 2019, 432 p.
Pocket jeunesse, 2019, 432 p.

 

Koridwen est la dernière survivante d’un hameau de Bretagne. Avec l’aide du vieux Yffig, elle a inhumé les neuf autres habitants du coin. Puis le vieux Yffig est mort à son tour, et Koridwen l’a enterré lui aussi.

 

Avant de mourir, la mère de Kori lui a confié une enveloppe laissée par sa grand-mère, à ouvrir le jour de ses quinze ans. Cette lettre, qui parle d’un long voyage et de mondes parallèles, fait si étrangement écho au message reçu sur Warriors of Times que Koridwen est ébranlée malgré elle. Elle décide d’aller chercher son cousin Max et de se rendre avec lui en tracteur au rendez-vous à Paris.

L'avis de Catherine, prof doc :

J’ai longtemps hésité à commencer cette série, ne sachant pas non plus par quel volume commencer. Puis mon choix s’est porté sur celui-ci : au final j’adore cette fille charismatique, au caractère décidé, sensible et pleine d’humanité, et je crois que c’est le roman que je préfère de la série !

 

Dès le départ elle est seule : seule survivante dans son hameau de Bretagne, elle subsiste quotidiennement grâce aux réserves de la ferme familiale. Elle n’aime pas la solitude qui laisse trop de place à la douleur et au chagrin, aussi n’aura-telle de cesse, tout en gardant une précieuse indépendance, de s’entourer, d’accepter des rencontres, parfois au péril de sa sécurité, parfois pour le meilleur. Elle va croiser pas mal de personnes mais cela n’aura qu’un temps… le destin semble décider à sa place.

J’ai beaucoup aimé le côté héritage d’un don et les manifestations de celui-ci, progressives néanmoins constantes. Et la malle préparée par sa grand-mère me fait rêver… que de choses précieuses renfermées ici !

Le scénario est assez cru et cruel : l’auteur ne cache pas les horreurs de la situation (quand bien même il ne se lance pas dans des descriptions) mais les dire est déjà beaucoup car tout est cauchemardesque et semble irréversible. Comment accepter cette situation, continuer malgré tout ? Heureusement Koridwen reçoit cette mission à accomplir et c’est ce qui la pousse en avant.

 

L’écriture est magnétique, je n’ai plus pu décrocher ! L’auteur a fait le choix d’écrire à la première personne, chaque jour sans relâche du 7 novembre au 24 décembre, après un préambule du 1er novembre commun aux autres volumes.

La rencontre avec Jules se fait en plusieurs étapes, au fil de nombreuses coïncidences. En revanche celle avec Stéphane et Yannis m’a paru bien moins crédible, quelque peu forcée.

J’ai stoppé ma lecture au 23 décembre, voulant d’abord lire les versions des trois autres « complices » avant de lire le dénouement.

La fin de ce volume-ci je m’y attendais de plus en plus et elle ne m’a pas surprise. Elle semble en accord avec ce qu’a vécu le personnage et nous laisse un peu d’espoir après tant d’horreur. Un dernier chapitre très marquant, haletant, avec plusieurs rebondissements.

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U4 : Jules

roman de Carole TREBOR

 

"Je m'appelle Jules. Je vis à Paris. La ville que j'observe du haut de mon cinquième étage n'est plus la mienne. J'ai recueilli une petite fille, elle s'appelle Alicia, je ne sais pas quel âge elle a ni pourquoi elle a survécu. C'est pour elle que j'irai au rendez-vous. Parce qu'il nous reste peut-être une dernière chance de sauver le monde".

 

(4e de couverture)

L'avis de Catherine :

Après avoir lu le récit de Koridwen, j’ai voulu poursuivre par la version de Jules car il est le premier qu’elle rencontre. Peut-être celui qui m’a le moins convaincue.

 

Ce volume-ci commence violemment et dans toute l’horreur de la situation : un garçon face à une multitude de cadavres déjà en décomposition si ce n’est dévoré par des chiens errants ou des rats. La violence demeure présente au fil des pages, incessante, avec des situations cauchemardesques et les personnages n’ont que de très rares moments de répit ! Je les trouve pour le coup très résistants mais ils n’ont guère le choix s’ils veulent survivre.

Ici nous rencontrons avant tout des citadins et les réflexes et conditions de survies sont très différents de ce qu’a pu vivre Koridwen. De plus Jules a tout de suite prêté de l’intérêt au message de Khronos, c’est ce à quoi il s’accroche car il était encore en plein dans le jeu au moment de la coupure d’électricité et des communications. C’est un personnage assez fragile dont le monde s’est écroulé et qui cherche de nouveaux repères. Il n’a pas le caractère déterminé et combatif de Koridwen, il est moins indépendant. Avec lui on apprend à connaître le groupe avec lequel il survit. Le lecteur reçoit de nouvelles informations car les personnages ne s’attachent pas aux mêmes détails et ne vivent pas tous les mêmes expériences. C’est ainsi que nous avons une perception toute autre de Stéphane, par exemple, qui bien qu’encore très énigmatique, apparaît avec des fêlures et une humanité touchante.

 

L’écriture est tout autant magnétique que dans le volume précédent. L’auteure a fait un choix différent : le récit qui débute le 4 novembre (après le préambule du 1er novembre commun aux autres volumes) n’est pas journalier mais elliptique, ce que je déplore. En revanche les journées évoquées sont découpées en différents temps rendant le roman plus haletant. Le récit de Jules est éprouvant car on perçoit ses douleurs, ses incompréhensions, ses terreurs et ils nous les communiquent.

 

J’ai stoppé ma lecture au 23 décembre, voulant d’abord lire les versions de Yannis et Stéphane avant de lire le dénouement.

J’ai fini la série par cette fin-là… imprévue. J’apprécie que l’auteure donne la parole à Alicia quand bien même le ressenti de Jules me manque.

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U4 : Yannis

roman de Florence HINCKEL

 

Yannis vit à Marseille. Ses parents et sa petite sœur sont morts. Maintenant, il voit leurs fantômes un peu partout... peut-être qu'il devient fou ? Quand il sort de chez lui, terrifié, son chien Happy à ses côtés, il découvre une ville prise d'assaut par les rats et les goélands, et par des jeunes prêts à tuer tous ceux qui ne font pas partie de leur bande. Yannis se cache, réussit à échapper aux patrouilles, à manger... Mais à peine a-t-il retrouvé son meilleur ami que ce dernier se fait tuer sous ses yeux. Il décide alors de fuir Marseille et de s'accrocher à son dernier espoir : un rendez-vous fixé à Paris...

L'avis de Catherine :

Après avoir lu les récits de Koridwen et Jules, j’étais curieuse de mieux connaître Yannis qui restait assez en retrait finalement et que je découvre et apprécie vraiment.

 

Comme Jules, Yannis est encore à fond dans le jeu au moment de la catastrophe et pendant un temps est incapable de réagir. Il va évoluer au fil des pages, forcé de faire face puis de s’adapter à la situation particulièrement traumatisante. Très vite il doit quitter la ville où il a toujours vécu : il perd tout subitement et définitivement, les siens ainsi que ses repères, et va accomplir un long périple, il n’a plus que son chien à ses côtés. Progressivement sa fragilité se mue en force mentale, en volonté incroyable et il révèle une forte capacité d’adaptation. Il n’a pourtant que le message de Khronos auquel se raccrocher, contrairement à Jules et Koridwen qui tirent leur force de la présence d’autres personnes dont ils se sentent responsables et peuvent revenir sur certains lieux.

Yannis nourrit en lui une humanité profonde, refuse la violence inutile et voudrait un monde plus juste. On lui reprochera d’être un rêveur.

Dans les volumes précédents, il restait effacé. Ici il devient un personnage solaire, charismatique et son duo avec Stéphane sonne juste. D’ailleurs leur rencontre avec Jules et Koridwen me parait ici bien plus crédible que ce que j’en avais lu auparavant. Sans doute parce que je comprends mieux ce duo.

 

L’écriture est tout autant envoûtante que dans les autres volumes. Le choix de l’auteure : récit qui débute le 1er novembre avec le préambule commun aux autres volumes, et en partie elliptique, mais certaines journées sont presque minutées. La narration en devient palpitante, rythmée par les battements du cœur de Yannis, souvent évoqués.

J’ai stoppé ma lecture au 20 décembre après-midi, voulant d’abord lire la version de Stéphane avant de lire le dénouement.

La fin sonne on ne peut plus juste pour ce personnage : c’est en adéquation totale avec ce qu’il a démontré de lui tout au long du récit, une touche de poésie en prime.


U4 : Stéphane

roman de Vincent VILLEMINOT

 

Stéphane vit à Lyon avec son père, un éminent épidémiologiste. Si des adultes ont survécu, son père en fait partie, elle en est convaincue. Alors elle refuse de rejoindre le R-Point, ce lieu où des ados commencent à s'organiser pour survivre. Elle préfère attendre seule, chez elle, que son père vienne la chercher. Et s'il ne le fait pas ? Et si les pillards qui contrôlent déjà le quartier débarquent avant lui ? Tout espoir s'écroulera, à l'exception d'un seul : un rendez-vous fixé à Paris...

 

L'avis de Catherine :

Dernière version à lire de la série et j’avais une grande hâte car je me posais une multitude de questions au sujet de ce personnage. Mes lectures précédentes avaient fortement attisé ma curiosité !

 

Stéphane apparaît tellement forte et fragile à la fois, autant déterminée que perdue, qui peut être d’une grande douceur ou d’une violence rageuse, elle est fascinante. Elle agit souvent froidement, avec un raisonnement de scientifique : son père, virologue spécialiste des épidémies, lui a tant appris. Un véritable héritage qui va lui permettre de sauver des vies.

Elle aussi se retrouve seule et fait ce qu’elle peut pour s’en sortir. Hélas le sort s’acharne et elle va perdre de nombreuses connaissances. Est-ce à cause de ce secret qu’elle garde au fond d’elle ou bien était-ce de toute façon inévitable ? Quoiqu’il en soit elle est très énigmatique et peu sauront la percer à jour. Je ne peux en dévoiler davantage sans gâcher l’effet de surprise pour un futur lecteur.

Elle est elle aussi très charismatique malgré ses nombreux silences. Un personnage fort et émouvant à la fois, hors du commun, que je n’oublierai pas de sitôt.

 

L’écriture est tout autant envoûtante que dans les autres volumes. Le choix de l’auteure : récit qui débute le 1er novembre avec le préambule commun aux autres volumes, en partie elliptique, mais certains laps de temps sont presque minutés.

J’ai lu la fin dans la foulée, une fin inespérée mais tellement vraisemblable. J’ai le sentiment qu’elle s’est trouvée enfin, qu’elle est en accord avec elle-même et ce qui l’entoure.

 

Bilan sur la série entière : Je suis surprise de constater combien les écritures des quatre auteurs s’harmonisent au point que je ne distinguais pas vraiment de différence de style d’un roman à l’autre. Bravo aux quatre et merci pour ce beau cadeau à lire !

Mai 2020

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