Lumière : le voyage de Svetlana

roman de Carole TREBOR

(...) Svetlana Horville, qui est aussi lumineuse que son prénom l'ndique et symbolise l'amour de ses parents pour l'esprit des Lumières et pour la Russie.

Rageot, 2016, 373 p.
Rageot, 2016, 373 p.

Paris, 1774.

Alors qu'elle fait du tri dans les affaires de sa mère adoptive décédée, Svetlana retrouve le carnet de voyage qu'elle a rédigée lors de son voyage à Saint-Petersbourg en Russie où elle a adopté sa fille. Svetlana y lit la confirmation de ce que sa mère a murmuré sur son lit de mort : elle doit retrouver ses parents biologiques.

 

Accompagnée de son père dont les relations avec le philosophe Diderot lui a valu le soutien de la tsarine Catherine II, ainsi que de son ami Guy le sculpteur de cire, Svetlana entreprend un long et périlleux voyage à la recherche de ses origines...

 

Quelle menace terrible a conduit ses parents à se séparer d'elle ? Et pourquoi voudraient-ils qu'elle revienne des années plus tard ?

Mon avis :

Mise en place un peu longue dans ce roman au contexte historique complexe. Il faut attendre 70 pages avant le départ attendu pour la Russie... Certes l'auteur pose le cadre de l'intrigue - la philosophie des Lumières et les intrigues à la cour de Catherine II -, et c'est nécessaire vu que le lecteur risque de ne pas avoir les références indispensables à la compréhension de l'histoire. Mais cet effort d'assimilation finit par être pesant, d'autant plus que l'écriture manque de style et les premiers chapitres de dialogues, enfin que l'expression parfois maladroite ne rend pas les personnages attachants.

 

C'est avec l'entrée en scène de Vaarlam et Mira, le couple russe servant de contact à Svetlana, que le récit prend une tournure intéressante : l'histoire se dote d'une dimension fantastique venant remettre en question la rationalité de l'héroïne élevée dans l'esprit des Lumières : "Je n'ai jamais rien lu de tel dans l'Encyclopédie". Le personnage représentant le mieux cette dualité est celui de Aliocha, jeune cosaque survivant dans la forêt qui vient en aide à l'adolescente dans ce pays inconnu et hostile. Fils de serfs, Aliocha n'a pas reçu l'éducation raffinée de la jeune Parisienne : "Je viens d'une famille parisienne éclairée et lui d'une famille d'esclaves du fond de la Russie", et le choc des cultures est rude ! Mais n'est-ce pas là la vocation de l'Encyclopédie, mettre les connaissances à portée de tous pour lutter contre l'ignorance du peuple et lui donner accès à l'esprit critique ? D'un autre côté, toutes les certitudes de Svetlana vont voler en éclat au fur et à mesure qu'elle découvre les étranges pouvoirs de sa famille russe dont elle est l'héritière...

 

La réflexion sur les croyances religieuses est elle aussi pertinente : si Aliocha, qui croit en des dieux païens, a l'habitude de lire des présages dans les manifestations de la nature, il n'en dispose pas moins de son libre arbitre : "Tu sais Svetlana, les dieux, ils m'envoient des signes mais si tu crois qu'ils me dictent tous mes actes, tu te trompes". Mais une fois de plus, les références historiques viennent quelque peu alourdir le récit : il y est question d'une révolte (de Pougatchev) liée à l'orthodoxie imposée par la tsarine, de complots et de traîtrises. Et tout le roman se déroule ainsi, dans l'opposition Paris/Saint-Pétersbourg France/Russie, entre une aventure qui peine à captiver malgré quelques bonnes idées, un style un peu plat, et des références culturelles intéressantes mais un peu pesantes pour qui ne les maîtrise pas. Plutôt à réserver aux (bons) lecteurs avertis.

Patricia Deschamps, janvier 2017

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