L'Arbre-fontaine

roman de Pierre COUSIN

Lucie regarde le vallon et sa rivière aux eaux vertes. Elle apprécie la douce quiétude qui s'en dégage. C'est comme un baume pour les yeux qui s'étendrait jusqu'au cœur.

Ex Aequo, 2018, 215 p.
Ex Aequo, 2018, 215 p.

 

Lucie a 9 ans. Elle vit seule avec son père dans un hameau de Touraine. Elle rejoint très souvent ses grands-parents dans leur maison au cœur de la forêt, où son grand-père est garde-chasse. 

 

Chaque jour elle s’émerveille des spectacles que lui offre la nature et savoure tous les instants de sa jeune existence. Mais la nuit, dans ses rêves, sa quête du mystérieux Arbre-fontaine la transporte vers d’autres horizons et une rencontre troublante.

 

(4e de couverture)

Mon avis :

Ambiance champêtre pour un roman essentiellement contemplatif.

A travers ses personnages, Pierre Cousin se fait le détenteur d'un savoir qui s'oublie: noms de papillons, de fleurs, comportement des animaux de la forêt... La petite Lucie passe tout son temps libre dehors avec ses grands-parents, à découvrir et apprécier "toutes les merveilles de la nature", et le roman apprend plein de petits détails sur la chouette hulotte, le pic épeiche, le brocard ou encore le crapaud accoucheur ! En ce printemps où la forêt renaît et les bébés pointent le bout de leur museau (ou de leur bec!), "il y a toujours quelque chose à voir, à ressentir, à écouter". La tendresse de la fillette pour ses grands-parents (et vice versa!) est touchante à voir, ils lui transmettent leur savoir-faire avec patience et elle les imite avec enthousiasme. Mais du coup, à part des séances de cuisine, des tâches au potager, l'observation des animaux, des "histoires de braconniers" (le grand-père est garde-chasse) et l'évocation de souvenirs (la fillette rappelle à sa grand-mère sa propre fille décédée), il ne se passe pas grand chose...

 

"Se doucher sous l'Arbre-fontaine de l'île d'El Hierro située dans l'archipel des Canaries. (p.37)
"Se doucher sous l'Arbre-fontaine de l'île d'El Hierro située dans l'archipel des Canaries. (p.37)

Dans la seconde moitié du livre, deux personnages vont prendre une importance croissante. Le camarade d'école de Lucie, Joël (alias Limace), fasciné par le récit de ses sorties forestières, réclame à la suivre sur les sentiers. D'abord réticente, la petite fille finira par transmettre à son tour ce qu'elle sait, faisant vivre "de nouvelles expériences" à son ami, et reprenant à son compte le cycle des traditions.

D'autre part, Lucie fait la nuit des rêves étranges, qu'elle prétend maîtriser dans le but de retrouver un arbre spécial repéré dans son atlas de botanique : le garoé ou arbre-fontaine. Au cours de ses rêves, elle rencontre un jeune garçon, Adélino. Cependant "essayer de contrôler ses rêves n'apporte rien de bon", on peut même "rester coincé dans ses rêves pour toujours"... D'ailleurs ceux-ci se terminent de plus en plus souvent en cauchemars... Malgré tout, avec Adélino, Lucie va s'ouvrir à de nouvelles émotions ("Des sentiments nouveaux naissent en elle. Même si ce n'est qu'en rêve.") et la fin, poétique, voit le rêve rejoindre la réalité.

 

On referme le livre convaincu de la beauté rassurante d'une vie simple, proche de la nature, et auprès des gens qu'on aime. Car Pierre Cousin le magicien du quotidien nous aura fait comprendre "que nous faisions partie d'un tout, qu'on devait vivre beaucoup plus en respectant la nature qui était tout autour de nous, que tout était en équilibre, et qu'on devait essayer de préserver cet équilibre".

 

Patricia Deschamps, avril 2019

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