Mon amie, Sophie Scholl

roman de Paule du BOUCHET

On ne peut pas rester comme ça les bras croisés à regarder notre pays s'enfoncer dans l'horreur.

Gallimard jeunesse, 2009, 138 p. (Scripto)
Gallimard jeunesse, 2009, 138 p. (Scripto)

 

 

Elle, elle n'a rien fait. Ou si peu. Elle aurait bien voulu. Etre courageuse, engagée, résistante, comme son amie Sophie, qui a fondé le mouvement la Rose Blanche avec son frère Hans et leurs amis.

 

Mais Elisa ne se sent pas le cran. Alors, elle écrit pour avoir moins peur. Nous sommes en Allemagne en 1943 et la Gestapo traque les opposants au régime...

Mon avis :

Sophie Scholl ou la révolte des étudiants allemands contre le nazisme.

Comme dans Mon amie Anne Frank, la narratrice n'est pas l'héroïne et nous donne donc un point de vue extérieur sur la situation. Le quotidien de Sophie et ses amis, ce sont les activités clandestines antinazies : débats, distribution de tracts, inscriptions sur les murs, etc. "Depuis des mois que Sophie, Hans et les autres ont commencé leur action", les risques ont accru en proportion, et tandis qu'Elisa guette leur retour dans sa chambre, elle a "peur, affreusement". "J'ai honte" aussi, parce que "je n'ai jamais été capable de m'engager vraiment à leurs côtés". Malgré tout, la jeune femme a un rôle à jouer : celui de témoigner.

 

Son récit, qui démarre quelques jours avant l'arrestation de Sophie et Hans, remonte jusqu'aux prémices du nazisme, à une époque où les avis étaient déjà divisés dans sa propre famille. Tandis que son père "refusait que l'on porte le moindre jugement négatif sur les "réformes" de Hitler", assurant que "notre Führer sait parfaitement ce qu'il fait, nous n'avons qu'à le suivre", son oncle clame que "c'est un scandale, une honte". Les uns et les autres sont partagés entre l'action ("Nous devons faire quelque chose") et l'incapacité à "entrer en résistance" de crainte "d'exposer nos familles".

 

Pourtant les infamies à l'égard des Juifs se multiplient (Elisa revient notamment sur "la Nuit de Cristal") et l'adolescente elle-même verra partir son amoureux, Léo. Tous ces événements l'amèneront à essayer "de comprendre Sophie" et les siens, l'importance de leur démarche, de leur idéal, au-delà du danger et de la mort : "Mentir et dissimuler, j'y parviens de moins en moins. La mort de Sophie et Hans a aussi donné ce sens à mon existence : je n'ai plus le droit de détourner la tête". Et même si les épreuves ne sont pas terminées, Elisa sera désormais riche de "toute la force et la dignité que m'a données Sophie".

Patricia Deschamps, avril 2018

Et aussi...

Femmes en résistance, tome 2 : Sophie Scholl

Scénario : Emmanuelle Polack, Francis Laboutique, Régis Hautière

Dessin : Marc Veber

- T'es fou ! Mais qu'est-ce qui t'est passé par la tête ?

- Je ne sais pas... Je voulais juste... faire quelque chose.

Casterman, 2014, 66 p.
Casterman, 2014, 66 p.

Mon avis (★★★★★) : Ce qui m'a marqué en premier lieu dans cette bande dessinée, c'est, au niveau du dessin, la qualité des personnages et plus précisément des visages. C'est certainement la première fois que je vois une telle précision, un tel réalisme au niveau des traits, des ombres, des volumes et des proportions. Les albums historiques, concentrés sur le scénario, pèchent souvent à ce niveau-là.

A la différence du roman précédemment lu, cette BD entre davantage dans les détails, que ce soit sur la famille Scholl, les actions de "cette bande d'idéalistes" (on pénètre notamment dans leur repaire où se trouve l'imprimerie clandestine) et enfin dans le déroulement du (pseudo) procès - les interrogatoires menant inexorablement à "une condamnation pour l'exemple" comme le précise le dossier en fin d'ouvrage.

Le point de vue, original, est celui d'une espionne à la solde de l'Abwehr, le service de renseignements de l'armée allemande, chargée d'infiltrer le réseau de la Weisse Rose. Il y a également un va-et-vient passé/présent puisque c'est une femme de notre époque qui effectue des recherches sur les "jeunes martyrs" et informe son mari de ses découvertes. Du coup l'intrigue, à plusieurs niveaux, peut sembler complexe à de jeunes lecteurs.

Le livre conclut sur un aspect primordial : "Le terme "allemand" n'est pas synonyme de national-socialisme. Cet amalgame est insoutenable pour nous." Hans et Sophie Scholl l'auront clairement démontré : même patriote, "rien ni personne ne nous empêchera de faire ce que nous croyons juste".

Avril 2018

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