Marche à l'étoile

roman d'Hélène MONTARDRE

- Sélection du Prix des Lecteurs en Seine 2018/2019 -

- Je suis américain, comme vous ! J'ai le droit de vivre ici... Je veux gagner ma liberté ici, en Amérique, et pouvoir vivre où bon me semble, sans être menacé par qui que ce soit.

Rageot, 2017, 424 p.
Rageot, 2017, 424 p.

Géorgie, Etats-Unis, 1854.

Billy a quinze ans et il est esclave dans le Sud des États-Unis. Un soir d'automne, il s’échappe. Poursuivi, traqué, il entame une course folle au cœur d’un pays gigantesque.

 

Maine, Etats-Unis, de nos jours.

Jasper est un brillant étudiant américain, plutôt sûr de lui. Mais le jour où il trouve un vieux cahier qui raconte l’étrange histoire d’un esclave en fuite, son monde bascule. Qui est l’auteur de ce texte ? Et lui, Jasper, qui est-il vraiment ? Pour le découvrir, il doit à son tour prendre la route.

 

(4e de couverture)

Mon avis :

Deux voix, deux époques, pour en savoir plus sur l'esclavage et surtout entretenir le devoir de mémoire.

Dans la première (la plus longue) partie du roman, on suit Billy l'esclave dans sa cavale vers le Nord et la liberté espérée. Son périple est jalonné de rencontres (Franck le trappeur "un Blanc pour qui la couleur de peau ne comptait pas", des familles de Quakers, mais aussi des Noirs comme lui) et ce "réseau secret" mis en place "pour aider les esclaves en fuite vers un Etat où l'esclavage avait été aboli" est impressionnant par son ampleur et son organisation. Billy n'a d'autre choix que de faire confiance à des inconnus qu'il "devait suivre aveuglément", dans un formidable élan de solidarité. Le jeune garçon s'en remet aussi à toutes ces astuces, tout ce savoir qu'on se transmet à la plantation, véritable " manuel de survie au cas où, un jour, ils décideraient de suivre l'étoile." Son parcours est une véritable ode à la nature, qu'il découvre et apprécie malgré les obstacles, lui qui n'avait jamais été plus loin que les champs. Billy réalise que "il n'était pas juste un esclave, il était un homme !" et que son travail mérite un salaire. Mais l'ombre du tenace chasseur d'esclaves Kingsbury fait peser sur lui une menace constante. La scène où Billy croise un convoi d'esclaves enchaînés est poignante. Cependant l'aventure a un côté répétitif (il fuit, rencontre quelqu'un qui le cache, attend l'autorisation de repartir, déjoue les pièges de Kingsbury, etc.) : "Un an qu'il courait, qu'il se cachait, qu'il avait peur, un an de souffrances et de privations."

 

La partie consacrée à Jasper répète beaucoup celle de Billy puisque qu'il remonte les traces de son aïeul, et là encore, le récit semble un peu long. Il est aussi très didactique, Jasper parcourant les musées et autres lieux d'histoire de l'esclavage, même si l'on comprend bien la démarche de transmission de l'auteur à travers celle du personnage : "que ses descendants sachent qui ils étaient et d'où ils venaient." Cette quête de ses origines devient une véritable obsession pour Jasper qui a à cœur de terminer l'enquête de son ancêtre concernant le parcours de sa mère : "France, Français, Durieu... Les mots dansent dans sa tête. Il en est désormais le dépositaire." La scène finale fait écho, plus de 150 ans après, à celle vécue par Billy. Jasper ressort de cette plongée dans le passé avec le sentiment d'être "libéré" à son tour : "Si on ne peut changer le passé, on ne peut pas non plus l'ignorer ; il aide à comprendre et à vivre le présent."

Patricia Deschamps, mars 2018

janvier 2019
janvier 2019

L'avis de Michaël, en Terminale :

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