La fille qui avait deux ombres

roman de Sigrid BAFFERT

L'Ecole des loisirs, 2015, 267 p. (Médium)
L'Ecole des loisirs, 2015, 267 p. (Médium)

Chaque matin, au réveil, Élisa s'attend à retrouver la maison à l'envers, les meubles déplacés, les placards chahutés ou encore la baignoire remplie à ras bord, comme c'est arrivé la nuit dernière. Pour Élisa, c'est sa grand-mère Rose qui est responsable de ce grand bazar. Car Rose fait des choses absurdes depuis quelque temps, comme ce rendez-vous pris chez un chirurgien esthétique pour changer de tête. À son âge ! Est-ce qu'elle ne serait pas plutôt en train de la perdre?

 

Obsédée par cette idée, Élisa se met à faire des rêves étranges, à ressentir des sensations bizarres. Elle est hantée par une ombre. De fil en aiguille, elle comprend que sa grand-mère cache un secret et que ce n'est qu'en le dévoilant qu'Elisa sera libérée du poids du passé dont elle a en quelque sorte hérité.

 

L'avis de Catherine, prof doc :

Coup de coeur absolu pour ce roman ! Lu en un souffle.

Il fut pourtant choisi par hasard lors d'un salon du livre. Sigrid Baffert était présente, je souhaitais une dédicace et c'est ce titre qui a poussé mon choix. La couverture ne me plaisait pas vraiment mais le titre m'intriguait. J'ai lu la 4e de couverture sans savoir à quoi m'attendre, souhaitant découvrir l'histoire au fil des pages.

 

Ce roman est fort en émotions, renforcées par le récit à la première personne : c'est Elisa qui s'exprime. Les liens familiaux et surtout féminins sont mis en avant et l'analyse en est prolongée avec la question de l'image de la femme (et de son corps) dans notre société. J'ai aimé le parallèle qui est fait avec une oeuvre d'art célèbre. Il y a d'ailleurs de nombreuses références culturelles, notamment italiennes mais pas seulement, faites bien à propos qui viennent enrichir le récit.

Le poids du passé et des non-dits qui finissent toujours par rejaillir quelques générations plus tard est le cœur de l'intrigue. Même dans leur conflit, on sent une certaine tendresse entre Elisa, sa mère et sa grand-mère. L'auteure ne les malmène pas, elle raconte une histoire dramatique, poignante, mais respecte ses personnages leur offrant ainsi une belle humanité. Elles n'en sont que plus crédibles.

 

L'écriture est particulièrement agréable, enrichie d'expressions imagées très affutées dans un style rythmé où l'humour n'est jamais très loin. Une certaine légèreté s'empare du récit et évite au lecteur des pages trop pesantes quand on aborde le sujet délicat.

Ce roman résonne en moi à plus d'un titre. Il m'offre une sorte de réconfort. Chose rare, je sais que je vais le relire, le reparcourir. 

Novembre 2017

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