Joséphine Baker

BD de Catel MULLER (dessin) et José-Louis BOCQUET (texte)

Est-ce une danseuse, une comédienne ? Ni l'un ni l'autre, et tout ensemble. Elle rit surtout, d'une rire qui n'appartient qu'à elle seule, d'un rire sain, exubérant, qui force la gaieté de la plus grave des salles.

Casterman, 2016, 564 p. (écritures)
Casterman, 2016, 564 p. (écritures)

Joséphine Baker a 20 ans quand elle débarque à Paris en 1925. En une seule nuit, la petite danseuse américaine devient l'idole des Années Folles, fascinant Picasso, Cocteau, Le Corbusier ou Simenon. Dans le parfum de liberté des années 1930, Joséphine s'impose comme la première star noire à l'échelle mondiale, de Buenos Aires à Vienne, d'Alexandrie à Londres.

 

Après la guerre et son engagement dans le camp de la résistance française, Joséphine décide de se vouer à la lutte contre la ségrégation raciale. La preuve par l'exemple : au cours des années 1950, dans son château des Milandes, elle adopte douze orphelins d'origines différentes, la tribu arc-en-ciel.

 

Texte : résumé éditeur

Mon avis :

C'est avec l'excellent livre documentaire Elles ont réalisé leur rêve : 50 portraits de femmes célèbres que j'ai appris que Joséphine Baker était bien plus que "la danseuse aux bananes". Cette bande dessinée biographique ultra documentée m'a permis de découvrir la vie riche et mouvementée d'une femme incroyable, à la fois courageuse, talentueuse et généreuse, qui s'est illustrée aussi bien dans le domaine du music-hall, que pour son investissement pendant la Seconde Guerre mondiale et son combat contre le racisme.

voir "son sens du mime unique"
voir "son sens du mime unique"

Dès toute petite, Joséphine est une fillette pleine de vie qui fait tout le temps le pitre. Les deux grandes orientations de sa vie s'affichent d'emblée : la danse, qu'elle adore (ce qu'elle tient de ses parents) ; et les actes de violence raciste, dont elle est témoin dans son quartier. Ces derniers sont décisifs dans son désir de partir pour Paris : "Ce n'est pas un problème d'être noir, paraît-il, là-bas". Dans la "revue nègre" à laquelle elle participe aux Folies Bergères, Joséphine choque et fascine : "Je la vois mimer une danse grotesque avec un art d'une grande pureté", "son sens du mime est unique". Le dessin de Catel rend parfaitement tout ce qui se dégage de la belle Joséphine, aussi drôle que rayonnante, lorsqu'elle est sur scène.

♪ J'ai deux amouuurrrs, mon pays et Pariiiis ♫
♪ J'ai deux amouuurrrs, mon pays et Pariiiis ♫

Sa vie est une succession de rencontres, professionnelles et sentimentales, un véritable tourbillon que Bocquet a brillamment su synthétiser, nous en rendant la richesse sans jamais s'appesantir. Le récit est rythmé par de courts chapitres correspondant chacun à un lieu et une époque, dont on peut alterner la lecture avec les nombreux portraits en fin de volume de tous ceux et celles qui ont marqué le parcours de l'artiste. 

"Diamant brut" devenu "perle noire", Joséphine ne se contente pas d'une vie de luxe et de succès. En 1939, elle s'engage dans les Forces Françaises Libres, profitant de son statut de star internationale pour effectuer des missions de renseignements et chanter à titre gracieux pour les soldats - un dévouement qui s'explique par sa reconnaissance à un pays qui a su l'accepter bien mieux que le sien : "C'est la France qui m'a faite telle que je suis". D'ailleurs, chaque fois que Joséphine reviendra sur son sol natal, elle entendra les horribles "négresse" et autre "négrillonne" qui l'ont toujours tant blessée.

Le château des Milandes, en Dordogne
Le château des Milandes, en Dordogne

La lutte pour l'harmonie raciale devient donc son nouvel objectif. Elle qui s'est toujours montrée généreuse envers les plus démunis, les plus malmenés par la vie, apporte son soutien au combat de Martin Luther King et surtout, se lance dans l'adoption d'enfants de toutes nationalités qu'elle élève dans son château des Milandes : c'est la "tribu arc-en-ciel", symbole de la fraternité universelle. Tout en continuant de se produire à travers le monde ! Ainsi, "j'ai eu une vie longue et j'ai parcouru un long chemin..." empreint de non-conformisme et d'une "existence un peu bohème", menée tambour battant jusqu'à la toute fin à l'âge de 69 ans, après un ultime triomphe parisien.

Une biographie dynamique et captivante, véritable référence sur Joséphine Baker !

 

Patricia Deschamps, août 2017

Discrimination raciale
Discrimination raciale

 

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