Bluebird

roman de Tristan KOEGEL

Toi, tu chantes comme un oiseau.

Didier jeunesse, 2015, 320 p.
Didier jeunesse, 2015, 320 p.

Sud des Etats-Unis dans les années 40.

Minnie a 13 ans. Depuis toute petite, elle parcourt les routes avec son père songster (musicien itinérant) : ensemble, ils animent de leur blues les bals et les pique-niques, lui à la guitare, elle à l'harmonica.

 

Le jour où Minnie se tord la cheville, son père décide de s'arrêter dans une plantation le temps qu'elle guérisse. Ils sont hébergés par Papy qui, comme tous les Noirs travaillant pour le compte de l'odieux Silas, se ruine la santé dans les champs de coton et subit les humiliations quotidiennes de leur impitoyable patron.

 

Dans cette plantation, Minnie se lie d'amitié avec le jeune Elwyn. Mais celui-ci est blanc, et c'est le fils du contremaître... Alors tout le monde ne voit pas d'un bon œil ce rapprochement...

Mon avis :

playlist du livre sur Youtube (ici : Memphis Minnie)
playlist du livre sur Youtube (ici : Memphis Minnie)

Une épopée puissante, à l'atmosphère envoûtante et à l'émotion tangible !

Tout commence avec le souffle, l'énergie du blues que Minnie et son père Curtis colportent de place en place, vivant modestement, comme des hobos (vagabonds), au jour le jour, mais heureux et libres. Dès les premiers chapitres on sent la puissance et la chaleur des impros musicales qui rassemblent les Noirs le soir après une journée de dur labeur. Une guitare, une flûte, un violon : il suffit que l'un se lance pour que les autres enchaînent en rythme et dans la joie. Chaque nuit, le blues lave fatigue, douleur et désespoir, afin de trouver le courage de repartir dans les champs de coton le lendemain.

 

Car il est ignoble, ce Charley Silas ! Un esclavagiste pur et dur, méprisant, humiliant, voleur, y compris avec son propre contremaître, pourtant blanc - mais irlandais... et accompagné d'un Indien. Un riche propriétaire membre du Ku Klux Klan, qui n'hésite pas à mettre le feu à l'église remplie de ses propres ouvriers... C'est dans ce contexte hautement ségrégationniste que naît pourtant l'histoire d'amour de Minnie et Elwyn, une histoire d'espoir, de lutte, une histoire de patience aussi, car il faudra de longues années d'obstacles avant de se retrouver enfin. Le récit alterne les points de vue - Minnie, Elwyn, et Nashoba l'Indien qui n'est pas celui qu'il semble être - nous promenant tour à tour de la plantation à Chicago, de rencontres décisives en rebondissements inattendus.

 

Car si le tour de force de l'auteur consiste à nous immerger pleinement dans l'atmosphère de l'époque, à nous faire littéralement ressentir le panel d'émotions qui submergent les protagonistes, il trouve également le talent de nous surprendre chaque fois que l'on pense deviner où l'histoire nous mène. Il en résulte un roman d'une grande intensité, profond et sensible, grave et pourtant enthousiaste - comme le blues.

Patricia Deschamps, novembre 2015

 

L'avis de Michaël (14 ans, en 3e) :

C'est une histoire que je ne pensais pas apprécier autant parce que c'est un style et un thème qui ne m'attirent pas particulièrement. Mais dès le début, j'ai été captivé par ces musiciens itinérants et du coup j'ai bien accroché à l'histoire. Ensuite, quand ils arrivent dans la plantation, ça m'a fait un choc parce que l'intrigue est inspirée de faits réels. Le quotidien des esclaves est vraiment très dur... et pourtant, ils trouvent le moyen de se divertir le soir tous ensemble. J'ai bien aimé le fait qu'on ait les deux points de vue, celui des Noirs et celui des Blancs qui en fait jouent un rôle : ils sont obligés par leur métier d'être sévère avec les esclaves mais en réalité ils ont un bon fond. C'est une histoire un peu triste mais en même temps pleine d'espoir, il y a beaucoup de rebondissements et une ambiance qui est bien reconstituée.

Mai 2016

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