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roman de Jean-Philippe BLONDEL

Actes sud junior, 2010, 114 p. (Romans ado)
Actes sud junior, 2010, 114 p. (Romans ado)

 

Les hommes entre eux, parfois, c'est lamentable.

 

 

Quand le narrateur découvre que son père espionne son blog, cette révélation lui fait l'effet d'une trahison, d'un « viol virtuel ». Révolté, il décide de ne plus lui adresser la parole.

 

Pour se racheter, son père lui fait un don... une plongée dans le passé qui ne sera pas sans conséquence.

Mon avis :

Ce roman, c'est au départ une mise en garde : "Vous écrivez des choses intimes sur internet et vous ne supportez pas que ça puisse être lu par indiscrétion !". Si aujourd'hui les réseaux sociaux ont remplacé les blogs chez les adolescents, l'idée est là : protégez votre vie privée parce que n'importe qui peut y accéder : "C'est ça, le hic, dans tout ce réseau informatique : les ramifications, les implications, les conséquences". Le narrateur, furieux, le découvre à ses dépens : "Espionner son enfant, c'est ne pas lui faire confiance. C'est lui nier le droit à une existence propre".

 

Si l'intrigue en était restée là, j'aurais trouvé ça "ennuyeux au possible". Car Blondel donne parfois cette impression : "Il ne se passe rien, mais tu as quand même envie de connaître la suite". La suite, c'est "la boîte de Pandore" (en réalité un carton poussiéreux descendu du grenier) que le jeune héros va ouvrir : "Il devait y avoir un secret là-dedans. Un secret paternel". Plongeant dans les souvenirs de son père, il passe peu à peu de la colère à la réflexion. Épisode nostalgique qui lui fait réaliser que celui-ci a eu le même âge que lui autrefois, et aussi les mêmes aspirations, les mêmes craintes. Que sont-elles devenues ? Toutes ces photos et journaux intimes, réunis dans la crainte que "tout cela passera, un jour, je ne m'en souviendrai même plus" marquent la volonté de "garder le fugace. L'air du temps". On cristallise un moment, une pensée, un sentiment, parfois juste une impression, afin de ne pas laisser se ternir "les couleurs de la vie" : "J'ai une vie à réussir, moi - je n'ai pas de vieillesse à gâcher".

 

Car il y a effectivement un événement caché, dans la vie de Philippe (le père), qui explique son comportement présent, sans pour autant l'excuser. Un fait qui, comme un trait d'union, va rapprocher les deux protagonistes, même si rien n'est simple ni évident. Mais "c'est sûrement ça, grandir - abandonner petit à petit tous les attributs qui font de toi un des pions de ta génération pour aller plus profond et découvrir ce qui fait de toi un être unique". Pour le narrateur, cet épisode aura été initiatique, changeant les perspectives, en ouvrant d'autres : "Il y a des choses que je ne partagerai jamais avec personne - ni en virtuel, ni en réel. Il y a des choses qui restent secrètes, privées. Des émotions qui ne de divulguent pas, et qui s'enfoncent dans la mémoire. Un jour, je les invoquerai et elles sortiront, intactes - elles me redonneront mes quinze ans". Parce que ces émotions profondément ancrées en nous font que, malgré le temps qui passe, "nous sommes éternels".

 

Patricia Deschamps, avril 2017

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