Ariane contre le Minotaure

roman de Marie-Odile HARTMANN

Décidément, ces Crétoises étaient vraiment étonnantes...

Nathan, 2004, 128 p. (Histoires noires de la mythologie)
Nathan, 2004, 128 p. (Histoires noires de la mythologie)

 

Tous les neuf ans, quatorze Athéniens sont offerts au puissant Roi de Crète Minos, afin d'être dévorés par le Minotaure.

 

Ariane, la fille cadette du souverain, s'éprend un jour de Thésée, prince d'Athènes, pourtant condamné à connaître le même sort tragique que ses camarades. Emportée par sa fougue, la jeune fille élabore un stratagème audacieux pour permettre au jeune homme d'échapper au terrible monstre.

 

(4e de couverture)

Mon avis :

C'est le cinquième roman que je lis sur le mythe du Minotaure mais chaque fois le point de vue adapté a été différent, ce qui a toujours apporté une originalité au récit. Après avoir lu la version du héros, jeune (Thésée contre le Minotaure) puis âgé dans un récit rétrospectif très drôle (Thésée énerve le Minotaure), celle de l'architecte (Le labyrinthe de Dédale) et même du monstre (Moi, le Minotaure), voici donc l'histoire telle qu'elle est perçue par Ariane.

 

Ariane est une jeune fille toute en sensibilité et émotion ("Je trouve injuste que meurent tous ces jeunes, tous ces innocents mis à mort, de génération en génération, cela me révolte!"). C'est une passionnée et en même temps elle est très courageuse de s'opposer à son père, le roi Minos. Thésée ne s'y trompe pas ("Quelle personnalité!"), lui qui n'aurait jamais pu venir à bout du Minotaure sans l'aide de la princesse. Le prince athénien est un personnage double, que l'on sent manipulateur au départ. Certains indices annoncent d'ailleurs sa trahison: le fait que son premier élan ait été pour Phèdre et non Ariane, et aussi qu'il semble craindre les sentiments de cette dernière ("Mal à l'aise, il comprit qu'il la troublait: elle agissait donc par amour?").

 

Ecoutez-moi vous lire les premières pages
Ecoutez-moi vous lire les premières pages

En réalité, tous les personnages de l'histoire sont très subtils. J'ai aimé celui de la nourrice, Tarrha, confidente bienveillante voire mère de substitution. Tarrha se montre méfiante envers Thésée ("Qui te dit qu'il est vraiment ce qu'il prétend être?") mais soutiendra Ariane jusqu'au bout. J'ai également apprécié la scène où Dédale entraîne l'adolescente en expédition jusqu'à la salle du trône pour y dérober l'épée destinée à tuer le Minotaure: on y découvre tous les passages secrets et stratagèmes ingénieux imaginés par l'architecte.

L'autrice dresse aussi un portrait du Minotaure plus fin qu'il n'y paraît: "Il était difficile de décider s'il tenait de l'homme ou de la bête. Son regard, empreint d'une infinie tristesse, si humain au milieu de toute cette difformité, avait quelque chose de troublant". Face au monstre, Thésée est d'ailleurs "partagé entre terreur et compassion".

 

Ainsi, passé les deux premiers chapitres denses (mais nécessaires) en informations sur l'origine de la bête et du pacte entre la Crète et Athènes, on se laisse volontiers porter par l'histoire, même quand on la connaît par cœur! C'est ce qui fait que le roman est étudié depuis des années dans mon collège et que nous l'avons choisi pour le défi lecture des 6e!

 

Patricia Deschamps, juillet 2021



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