Moi, le Minotaure

roman de Sylvie BAUSSIER

"Minotaure" est la contraction des mots grecs "Minos" et "taureau". Le surnom signifie "le taureau de Minos".

Scrineo, 2020, 101 p. (Mythologie)
Scrineo, 2020, 101 p. (Mythologie)

 

"Je suis Astérios, Prince de Crète. Je vis dans un grand palais et mon lit est en or. Mais tout le monde me fuit ! Je viens de découvrir ma véritable apparence : celle d'un enfant à tête de taureau ! On m'appelle désormais le Minotaure.

 

Comment cela a-t-il pu arriver ?

 

Voici mon histoire..."

 

(4e de couverture)

Mon avis :

Comme dans Moi, Ligia, sirène, tout commence avec une magnifique couverture mettant en avant la dualité du personnage, moitié humain moitié monstre. J'ai également apprécié la présentation des différents protagonistes et de leurs liens, souvent complexes dans la mythologie (je ne savais pas que Ariane était la propre sœur du Minotaure!). Le prologue, qui s'adresse au lecteur, l'interpelle sur le triste sort du héros.

 

Et c'est bien l'angle d'approche de l'autrice dans cette collection: nous placer du côté du monstre... qui n'en est pas toujours un! Ainsi le prince Astérios, fils illégitime de Pasiphaé, est-il victime de l'arrogance de son père Minos et de la honte de celui-ci. J'ai déjà lu trois romans racontant ce mythe, l'un du point de vue de Dédale, les autres de Thésée, et je trouve original de nous raconter les événements de l'intérieur, vus par le principal intéressé! Sylvie Baussier nous fait bien ressentir tous les sentiments mêlés d'Astérios: tristesse, solitude, frustration, colère... ainsi que toutes les interrogations qui le traversent: "Tu effraies les servantes", "Pourquoi suis-je ainsi?", "On me ment depuis toujours". Le personnage est d'autant plus touchant qu'il est innocent.

 

Le mystère de ses origines est levé progressivement, ce qui ménage un certain suspense. L'intrigue prend un tournant décisif avec le fameux emprisonnement du prince dans le labyrinthe, "son palais de mort". La dualité entre "Astérios le prince humain et Minotaure l'animal affamé" s'accentue, entretenue par la méchanceté dont il est injustement victime. Mais le prince ne veut pas "devenir la bête que Minos veut faire de moi" et j'ai aimé la théorie selon laquelle il se serait laissé tuer.

L'ouvrage se clôt avec un dossier documentaire (et des jeux) apportant des informations complémentaires sur le mythe.

Patricia Deschamps, février 2021


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