Tout le bleu du ciel

roman de Mélissa DA COSTA

- Il faut prendre garde.

- A quoi ?

- A ne pas s'endormir dans sa vie.

Livre de poche, 2020, 840 p.
Livre de poche, 2020, 840 p.

Petitesannonces.fr : "Jeune homme de 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple."

 

Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme coiffée d’un grand chapeau noir qui a pour seul bagage un sac à dos, et qui ne donne aucune explication sur sa présence.

Ainsi commence leur voyage dans les Pyrénées...

Mon avis :

Quand Emile plaque tout du jour au lendemain pour partir dans les Pyrénées avec une inconnue, il est loin d'imaginer que "ce voyage qu'on fait, toi et moi, c'est avant tout un voyage intérieur... Une introspection". Au fil des magnifiques paysages qu'ils traversent, "des bribes de passé ressurgissent et mettent tout en relief, apportant un éclairage nouveau", notamment concernant Laura, son ex petite amie (une "petite emmerdeuse", tout bien considéré).

 

A l'opposé de celle-ci, Joanne est une femme discrète et laconique qui "prend tout avec philosophie". Elle va d'ailleurs l'initier à la méditation en pleine nature et l'amener à "voir les choses avec de nouveaux yeux". Petit à petit, les balades de village en village et les longues journées de randonnée vont transformer Emile dont "l'existence n'a plus rien à voir avec celle que je menais". Une existence qui le rend serein, savourant "un bonheur tout simple et tranquille".

 

Et ce dont ne se doutait pas non plus Emile, et encore moins Joanne, c'est qu'ils finiraient petit à petit par se lier ("Dans le plan initial, tout était simple. Elle n'était pas censée pleurer à l'idée de l'avoir perdu... Et lui n'était pas censé dépérir à l'idée de l'oublier"). Joanne a beaucoup souffert, et c'est peut-être ce qui la rend si forte et fragile à la fois. La dernière partie, où les black out d'Emile se font de plus en plus rapprochés et destructeurs, est émouvante. Malgré tout, en refermant le livre, ce n'est pas le sentiment de tristesse qui domine mais plutôt l'idée qu'il faut savoir apprécier au quotidien les bonheurs simples de la vie afin d'être en paix avec soi-même... jusqu'au bout.

Patricia Deschamps, mai 2021



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