Surtout ne prends pas froid

roman d'Isabelle WLODARCZYK

Cet ouvrage est une œuvre de fiction qui s'inspire librement de la correspondance de Marie Jelen et d'autres enfants déportés. Il ne s'agit pas d'une reproduction de lettres que Marie Jelen a écrites, mais bien d'un roman épistolaire qui traduit l'état d'esprit d'une petite fille encore enfant, dans l'horreur des camps.

Oskar, 2014, 54 p. (Histoire & Société)
Oskar, 2014, 54 p. (Histoire & Société)

17 juillet 1942.

Esther a tout juste dix ans lorsque deux policiers les emmènent sa mère et elle au Vélodrome d'Hiver où sont entassés des milliers de Juifs.

Deux jours plus tard, elles sont transférées via des wagons à bestiaux au camp de Pithiviers, dans le Loiret.

 

Atteinte de la scarlatine, Esther est installée à l'infirmerie, où les conditions sont à peine moins dures que dans le reste du camp. Sa maman passe la voir chaque jour mais son père, resté à l'extérieur, lui manque, alors elle lui envoie des lettres pour lui raconter son quotidien.


Mais ce que ne sait pas Esther, c'est que Pithiviers n'est qu'un transit vers le camp d'extermination d'Auschwitz...

Mon avis :

Quelles lettres émouvantes ! Avec ce récit court et poignant, Isabelle Wlodarczyk prouve que l'on peut encore toucher avec une thématique maintes fois évoquée...

Les courriers de la petite Esther à son papa ont la naïveté des enfants inconscients de ce qui se déroule autour d'eux. A l'infirmerie, Esther se fait une nouvelle amie (Anna) avec qui elle fabrique une jolie poupée (Sarah). Malgré les conditions de vie précaire, elle reste optimiste, persuadée que son père va venir la chercher et qu'ils reprendront tous trois une vie normale. Innocence contrebalancée par les lettres rédigées par sa mère, et aussi les quelques réponses de son papa, épargné parce qu'il travaillait alors dans les champs. Car ce qu'Esther ne sait pas, c'est que sa maladie lui offre un répit. La confiance se fissure bien sûr lorsque sa mère "part en voyage". La séparation est déchirante, et la fillette sombre dans la solitude et l'ennui. Elle attend avec impatience de rejoindre à son tour ce "Pitchipoï" (l'autre nom d'Auschwitz) dont tout le monde parle et qui est, paraît-il, "le paradis pour les Juifs" !.. Elle ne comprend pas que c'est la mort qui l'attend là-bas... Sa réaction enthousiaste face à ce mensonge éhonté fend le cœur ! Mais c'est ce contraste justement entre le regard d'enfant et la cruauté de la réalité qui bouleverse autant.

Comme toujours chez l'éditeur Oskar, un dossier à la fois clair, succinct mais complet clôt le roman, apportant un éclairage sur les camps de concentration du Loiret et le traitement des enfants, notamment l'histoire de la petite Marie Jelen dont s'inspire ce roman épistolaire.

Patricia Deschamps, mai 2015


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