Silent boy

roman de Gaël AYMON

Il faut oser se livrer. Ca fait peur mais les autres laisseront tomber leur masque si tu fais tomber le tien. (p.53)

Nathan, 2020, 62 p. (Court toujours)
Nathan, 2020, 62 p. (Court toujours)

 

Anton est interne dans un lycée difficile. Sa seule bouffée d’oxygène: ses discussions sur un forum en ligne, caché derrière l’avatar de Silent boy. Car dans la vraie vie, Anton ne donne jamais son avis, ne prend jamais parti. Jusqu’à sa rencontre avec Nathan

 

(4e de couverture)

Mon avis :

Un excellent roman sur les stéréotypes masculins.

En quelques pages, on s'attache déjà au personnage d'Anton. Le récit à la première personne alterne avec des extraits du forum que ce "garçon silencieux" (Silent boy est son pseudo) consulte chaque soir, lisant "ces jeunes qui osent s'exprimer" et qui évoquent en toute sincérité ce qui les tracasse. Comme eux, notre "handicapé de la parole" aimerait se libérer, sur ce forum bienveillant et surtout, dans la vie.

 

Mais au lycée, rien n'est simple. Faisant partie de l'équipe de rugby, Anton subit l'influence de quelques grandes gueules dont il est, en toute lâcheté, le suiveur afin "qu'on lui foute la paix". Ces garçons-là "pourrissent les cours" et entretiennent une ambiance conflictuelle voire toxique dans la classe. La tension est en partie liée au machisme qu'ils imposent, ce "jeu du plus fort" entraînant bon nombre d'insultes et de violence. Le texte rappelle au passage que "dans notre pays, l'homophobie, le racisme ou le sexisme ne sont pas une opinion mais un délit".

 

Le premier à en faire les frais, c'est Nathan, que l'on juge trop maniéré, qui écoute "de la musique de pédé", etc. Le personnage amène à redéfinir la virilité: "Nan, mais sérieux, les mecs, vous en êtes toujours là? A pas pleurer, à faire les durs? On est au 21e siècle!". Et surtout, Anton l'admire secrètement car "il a les couilles d'affronter tout le monde".

 

Prenant modèle sur Nathan, Anton va peu à peu trouver le courage de s'exprimer. D'abord sur le forum, où il se construit "une identité plus proche de ce que je suis à l'intérieur". Puis il fera un premier pas vers l'authenticité face à ses camarades. On ne sait pas trop ce que cela donnera mais on sent Anton plus serein avec lui-même.

Un roman qui encourage à être soi ("J'ai pas perdu les gens importants")!

 

Patricia Deschamps, juin 2025

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