Salem

thriller de Stephen KING

1ère éd. : Pocket, 1989
1ère éd. : Pocket, 1989

Après la mort accidentelle de sa femme, Ben Mearsécrivain, revient dans sa ville natale pour écrire son prochain roman. Il envisage de s'installer à Marsten House, maison hantée de son enfance, mais le vieux manoir vient d'être vendu.

 

Ben s'installe donc dans une chambre en ville, se met à écrire et à fréquenter une belle jeune femme, Susan Norton. Cependant, quand un chien est retrouvé empalé à la grille du cimetière et que le petit Ralphie Glick disparaît, le regard de Ben se tourne de nouveau vers Marsten House et ses étranges nouveaux propriétaires, Straker et Barlow.

 

Mon avis :

Relire Salem, mon premier Stephen King, c'était pour moi me replonger dans ma passion d'adolescente: les vampires. Car bien avant les Twilight et autres Vampire diaries, n'oublions pas qu'il y a eu la reine Anne Rice (Entretien avec un vampire et sa suite) et que le maître de tous ceux-là est Bram Stoker avec son célèbre Dracula, que Stephen King reconnaît comme sa source d'inspiration (sa mère le lui a offert à 9-10 ans, et il l'a relu jeune enseignant pour le faire étudier à ses élèves).

Tout démarre avec Marsten House, aux allures de maison hantée à la Shirley Jackson (autre référence directe de l'auteur) qui semble attirer le mal irrémédiablement ("Ça fait froid dans le dos, c'te bicoque"). Du haut de la colline où elle se dresse, lugubre, la vieille demeure abrite moult "relent de scandale et de violence". Le héros lui-même, Ben Mears, y revient, après bien des années, pour se confronter au cauchemar de son enfance: ce jour où il est entré, seul, dans Marsten House, et y est tombé sur le cadavre de Hubie Marsten pendu dans une chambre du premier étage... Et tandis qu'on saisit peu à peu l'atmosphère de la petite ville paumée de Jerusalem's Lot en suivant dans leur quotidien un certain nombre de ses habitants, on sent une menace planer dans l'air, amenée par les mystérieux Straker et Barlow.

 

Car les disparitions inexpliquées qui avaient eu lieu du temps de Hubie Marsten semblent se répéter à nouveau... comme si "le mal que font les hommes continue à vivre après eux" ("C'est peut-être cette foutue Marsten House qui nous jette un mauvais sort"). Le lecteur le sait: tous ces gens qui réapparaissent de nuit pour traquer, mi-suppliants mi-violents, ceux qui pourront assouvir leur soif (et devenir assoiffés à leur tour...), ce sont des vampires. On le sait et pourtant on se laisse fasciner, guettant les comportements des uns et des autres - qui sera la prochaine victime? Qui se laissera surprendre? Car la première partie du roman, la mise en place, nous a familiarisée avec les uns et les autres.

 

Dès lors tout s'accélère. C'est l'hécatombe. "Comme au château de la Mort Rouge d'Edgar Poe" (nouvelle que je vous recommande), "la gaieté n'est plus qu'une façade". Salem se transforme en ville fantôme ("La ville est sacrément morte", ah ah). Ben n'a plus le choix: avec ses acolytes - un enseignant, un médecin, un prêtre et un jeune garçon - il va devoir s'armer de courage (d'une croix et d'un pieu) pour combattre Barlow et son sous-fifre. Lui qui était venu à Salem "pour exorciser les démons qui le hantaient", raté, il va s'en créer d'autres! La chasse au vampire est plutôt réussie, même si j'ai trouvé Barlow ("qui tenait à la fois du noble et de la bête sanguinaire") peu charismatique (il manque de panache selon moi). Par contre les héros (malgré eux) sont très crédibles, tiraillés entre responsabilité morale et terreur profonde, prêts à sacrifier leur vie pour débarrasser la ville de sa malédiction. Mais le peut-on?

 

C'est en effet "une malédiction qui remonte à loin" comme en témoignent, dans la dernière partie, les extraits de lettres et de journal datant de 1850 ("Notre lignée est marquée par le malheur"). J'avoue avoir trouvé ces ultimes pages un peu superflues: l'auteur aurait très bien pu s'arrêter à l'épilogue se déroulant deux ans après l'action principale et laissant comprendre que "le mal" sévissait toujours. De même le panorama des scènes coupées est à réserver aux fans inconditionnels. Malgré tout, ma plongée dans ce "cloaque de ténèbres" a été un réel plaisir!

 

Patricia Deschamps, mai 2020


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