River

roman de Claire CASTILLON

Gallimard jeunesse, 2019, 184 p. (Scripto)
Gallimard jeunesse, 2019, 184 p. (Scripto)

 

"River, c'est ma sœur. Ma sœur en moche, ma sœur en noir, ma sœur qui n'a rien à voir avec moi. On partage la même chambre, on respire le même air, mais je la plains et je m'en veux. Elle m'adore et je la comprends. Je suis la fille idéale de nos parents. Elle, comment dire... Vous connaissez le vilain petit canard? C'est comme un boulet. Ma mère lutte. On en est à six thérapeutes par semaine. On voudrait tous qu'un jour elle se sente à l'aise en société. Dans la famille, ça va. Mais au collège ? Qu'est-ce qui se passe dans la cour avec les autres ?"

 

(4e de couverture)

Mon avis :

D'emblée les mots sont durs pour décrire River: "Bizarre et tordue, tarée et inadaptée, boulet, sangsue, poids mort, pot de colle", elle est sans conteste différente, "elle détonne, fait tache", alternant "tristounesses ou joies en boucle". La première partie raconte le quotidien à la maison avec "cette espèce de sœur encombrante qui nous fait la vie si compliquée", anecdotes à l'appui. La mère qui "se donne tant de mal pour que leur enfant devienne normale", multipliant les rendez-vous chez les spécialistes (psy, sophrologue, orthophoniste...) et avec le principal du collège parce que forcément, l'intégration de River n'est pas simple. Heureusement la narratrice veille ("River me pourrit la vie mais je n'aimerais pas qu'on lui fasse du mal"), essayant de la protéger contre la méchanceté des autres, notamment celle d'Alanka et de sa bande ("les trois T").

 

J'ai deviné l'entourloupe littéraire à la moitié du livre. Essentiellement à cause du contraste, énorme, entre River et son aînée "enfant parfaite, enfant rêvée", et plusieurs remarques glissées ici et là sur le fait que "River s'empêtre depuis sa naissance avec d'autres identités" et que les deux sœurs sont très proches, au point de "se parler d'esprit à esprit": "Elle peut se trouver n'importe où, moi pareil, et on communique". Son aînée est pour River "sa voix tranquille, sensée", "sa protection, sa lumière", celle à qui elle se raccroche quand tout va mal. La seconde partie est centrée sur le harcèlement qu'elle subit, toujours plus violent et envahissant, de la part d'Alanka et des trois T., et tandis que "sa propre vie n'est faite que d'injures et d'agressions répétées", elle a bien besoin de conseils et de courage. Si certains passages m'ont semblé un peu répétitifs, j'ai bien aimé l'évolution du père qui non seulement laisse transparaître sa culpabilité de ne pas savoir bien s'occuper de sa fille mais parvient à lui faire comprendre, à sa manière, "qu'il l'aime autant que moi, l'enfant rêvée".

 

Progressivement, la force de sa grande sœur s'associe à celle de River qui va gagner en confiance, au point de réussir à se faire un ami, un vrai, enfin. Une note optimiste qui clôt le roman sur une note d'espoir face à la différence (maladie? handicap?), pour peu qu'on soit soutenu par sa famille.

Patricia Deschamps, avril 2020



 

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