C'est ça, l'amour. C'est tenir sa promesse quoi qu'il arrive.
Hazel a seize ans. Atteinte d'un cancer de la thyroïde, elle a aussi les poumons truffés de métastases et ne peut respirer qu'avec une bouteille d'oxygène qu'elle transporte partout avec elle.
Inscrite à un groupe de soutien psychologique, elle y rencontre Augustus qui a perdu sa jambe suite à un
ostéosarcome.
Attirés l'un par l'autre, Hazel et Augustus se lient d'amitié. Mais quand le jeune homme avoue ses sentiments
amoureux, Hazel, qui pourtant les partage, refuse de s'engager davantage... Comment peut-on s'attacher quelqu'un que l'on va forcément faire souffrir parce que la
mort nous attend au tournant ?
Mon avis :
Un petit peu déçue, au début, par ce best-seller dont tout le monde vante les mérites... J'ai trouvé les premiers chapitres un peu ennuyeux, voire plombants, et le langage d'Augustus un peu empesé avec toutes ses significations métaphoriques.
Et puis peu à peu je suis entrée dans l'atmosphère si particulière de ceux qui vivent avec la mort en arrière-plan. Ces "malades professionnels" en stade terminal dont la (sur)vie se limite à leur "combat héroïque", "comme si je n'avais jamais rien fait d'autre de ma vie que d'avoir le cancer" dit Hazel. Son quotidien se résume à se reposer chez elle ("car le sommeil aide à lutter contre le cancer") auprès d'une mère omniprésente et d'un père constamment en larmes, et à gérer ses crises de détresse respiratoire qui peuvent la mener en soins intensifs quand ses poumons sont remplis d'eau. A part son amie Kaitlyn qu'elle voit de moins en moins souvent, Hazel joue les solitaires : se comparant à une grenade dégoupillée pouvant exploser à tout moment, elle refuse de se lier à quiconque pour blesser le moins de personnes possible lorsqu'elle viendra à mourir.
Mais Augustus n'est pas un garçon comme les autres. Lui aussi sait ce que c'est que mener une vie composée d'une suite d'instants, il sait ce que c'est de survivre au jour le jour sans avoir aucun avenir. Il a dû gérer la dépression de son meilleur ami Isaac devenu aveugle suite à un cancer des yeux. Sa petite-amie Catherine est décédée d'une tumeur au cerveau. Alors Gus comprend très bien la réaction d'Hazel, et aussi sa fascination pour ce livre de Peter Van Houten, Une impériale affliction, qui se termine en plein milieu d'une phrase car l'héroïne, cancéreuse elle aussi, a dû mourir avant de l'avoir terminée. Le rêve d'Hazel, c'est de connaître ce qu'il advient des autres personnages ensuite, que l'auteur la rassure sur le fait qu'ils ont pu continuer à vivre après la disparition d'Anna, tout comme ses proches le feront après sa propre mort...
Au bout du compte, Nos étoiles contraires n'est pas qu'une belle histoire d'amour triste, c'est une réflexion philosophique sur la maladie et la mort, un roman dans lequel les héros, de par leur situation particulière, soulèvent des questions existentielles au lieu de mener une vie "consacrée à une consommation obscène" comme leurs "petits camarades bien nourris". Et surtout, ils font preuve jusqu'au bout d'une lucidité teintée d'(auto)dérision décapante, ultime rempart face à la dépression.
Pour autant je ne le qualifierai pas de chef d'oeuvre comme certains, car même si l'histoire est poignante elle ne m'a pas émue plus que ça - mais peut-être ne suis-je qu'un monstre d'insensibilité !.. En tout cas pour la première fois de ma vie, j'ai trouvé le film plus émouvant que le roman ! L'histoire est plus épurée, le personnage d'Augustus irrésistible, et le jeu des acteurs (y compris les parents d'Hazel) m'a tiré les larmes des yeux!
Patricia Deschamps, septembre 2014