Monsieur William

roman de Dominic K.

Tout le monde a des raisons de douter. (p.40)

Un soir de printemps, un craquement se fit entendre dans la porte d’entrée de Monsieur William. Puis les soirs suivants, avec une grande régularité. Intrigué, Monsieur William se mit à l’écouter, et constata que ce bruit se manifestait tous les jours à 22 h 24 précises. Il fit part de sa découverte à sa fille Jennifer, âgée de 15 ans, qui décréta que la maison devait être hantée !
Mais ce que Monsieur William ne savait pas encore, c’est l’obsession qu’il développerait au fil des mois pour ce mystère, ni jusqu’où cela le conduirait…

(4e de couverture)

Mon avis :

On a un peu l'impression d'être dans une nouvelle fantastique de Maupassant, avec ce petit roman: le langage est soutenu, le suspens s'étire (un peu trop, d'ailleurs) et le phénomène surnaturel amène le personnage à faire son introspection.

Ce bruit mystérieux qui se manifeste au niveau de la porte chaque soir à la même heure finit par hanter Monsieur William. A-t-il une explication rationnelle ou bien est-ce la manifestation d'un "esprit"? Le problème, c'est que celui-ci est incapable d'agir ni d'oublier: "Il ne veut pas tenter de supprimer volontairement ce rappel crissant de 22h24" mais il n'arrive pas à "ignorer ce qui se passe dans son entrée" et entre donc dans un état de dépendance que j'ai trouvé désolant.

A la hantise va s'ajouter l'angoisse, jusqu'à ce que la situation rende Monsieur William malade ("Le son ne l'amuse plus. Il le tourmente."). Rendu "superstitieux, craintif et nerveux", il ne veut néanmoins rien changer, ni la fameuse porte, ni son habitude de rentrer à l'heure pour entendre le "criic".

En même temps, c'est un homme seul qui n'a pas grand chose pour s'occuper / se distraire: "Sans doute espère-t-il que quelque chose se produise à cette heure-ci dans la maison ou dans sa vie, quelque chose qui anime, quelque chose qui meuble, quelque chose qui donne une raison d'attendre, car attendre c'est espérer, et Monsieur William en a tellement besoin".

Je ne sais pas si ce livre trouvera son public. Pour les raisons évoquées plus haut, je ne suis pas sûre que sa lecture semblera attrayante aux jeunes. Peut-être peut-on faire étudier ce texte (ou un extrait) en classe dans le cadre du programme de français 4e.

Patricia Deschamps, mai 2025