Les journalistes nous cachent-ils des choses?

30 questions sur la presse et les médias

David GROISON et Pierangélique SCHOULER, illustré par Ronan BADEL

Actes sud junior, 2017, 77 p.
Actes sud junior, 2017, 77 p.

 

Qui décide de la hiérarchie des informations ? Comment les journalistes les vérifient-ils avant de les publier ? Faut-il croire tout ce que l'on nous dit à la télévision et sur le net ? Quels sont les sites les plus fiables ?

 

Voici un documentaire pour aider à comprendre le travail des journalistes et à distinguer les informations vérifiées des fake news, afin de se forger un esprit critique.

 

(texte : service de presse)

Mon avis :

Un petit documentaire clair, concis... et édifiant.

Le format carré est sympa, les illustrations plutôt drôles et le principe d'une question par double page donne du dynamisme au texte, même si celui-ci aurait été plus attrayant avec une mise en page plus aérée.

 

Dès les premières pages, on comprend que le métier de journaliste, encadré par la charte de Munich, est très réglementé. Croisement des sources, regard collectif d'une équipe, évaluation de l'information reçue selon des critères stricts (la vérité, la nouveauté, la signification et l'intérêt), l'activité journalistique professionnelle se doit d'être rigoureuse. Si l'impact des réseaux sociaux est indéniable ("Certains médias en ont fait leur critère principal de la sélection de l'information"), tout est vérifié avant publication. Et en cas de doute, les journalistes n'hésitent pas à utiliser le conditionnel (ce passage pourrait d'ailleurs servir de support à un cours de conjugaison!). Les explications sont complétées par de nombreux exemples concrets qui facilitent leur compréhension.

 

Ensuite le discours se fait plus nuancé. Plusieurs données interpellent, remettant en cause les propos précédemment tenus. Ainsi, on apprend que "beaucoup de médias appartiennent aux grandes fortunes françaises" (Le Parisien, le Figaro, Libération)... Un peu plus loin, que l'Etat fait des "subventions directes" aux "journaux dits d'intérêt public". Or, "les plus grands bénéficiaires de ces dotations publiques ont été en 2015 Le Parisien, Libération, Le Figaro, Le Monde" !.. De là à conclure qu'il y a connivence entre hommes politiques et grands patrons, il n'y a qu'un pas !.. Par ailleurs, un journaliste est "plutôt bien payé" (1900 euros nets en moyenne pour un pigiste, 3400 pour un salarié !), il a donc "une vie qui ressemble à la moitié de la population qui se porte bien".

Ainsi, entre "les sujets difficiles à aborder" du fait des patrons de presse, et ceux qui n'appartiennent pas à leurs préoccupations de Français aisés, on ne peut guère s'étonner que certaines problématiques soient assez peu relayées. Ajoutons à cela la polyvalence demandée aux journalistes qui donc manquent parfois de spécialisation pour bien cerner un sujet, les contraintes de budget et de temps qui les empêchent souvent de réaliser un travail de fond ("ils font ce qu'il y a de plus simple : les mêmes images que tout le monde.") ainsi que la tendance à privilégier "les informations spectaculaires et dramatiques" dont le public est friand, et l'on est en droit de douter de l'authenticité des articles...

 

Ainsi ce documentaire amène à réfléchir sur la valeur des informations de manière générale. Il termine par des conseils sur l'importance de bien (et comment) choisir ses médias de référence, des critères d'analyse des images pour savoir si elles sont valables, et enfin par de petits outils pratiques comme un glossaire et une table des questions soulevées dans l'ouvrage.

Patricia Deschamps, février 2019

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