Le château des étoiles

Bande dessinée d'Alex ALICE

1869 : la conquête de l'espace, vol. 1

Altitude 900 mètres. Ici, la Terre défile comme un décor peint. Au dessus du ballon, rien sinon l'infini. Mon élément.

Rue de Sèvres, 2018, 62 p.
Rue de Sèvres, 2018, 62 p.

1868, dans un monde en pleine révolution industrielle. La conquête de l'espace fait rêver... et si le secret pour y parvenir était de maîtriser l'éther ? La mère de Séraphin en est convaincue, c'est pour cela qu'elle part en ballon un jour de tempête. Elle trouvera ce qu'elle cherche mais elle n'en reviendra pas pour l'annoncer à son fils et à son mari...

 

Un an après, ni Séraphin ni son père ne se sont remis de cette disparition. Aussi quand ils reçoivent un courrier d'un mystérieux destinataire leur demandant de se rendre en Bavière afin de récupérer le livre de bord du ballon, ils n'hésitent pas une seconde!

Mon avis :

Lire les premières pages
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Une bande dessinée entre science et aventure.

Ce qui m'a marquée avant tout dans cet album, c'est le splendide graphisme tout en couleurs diluées très douces, qui régale les yeux à chaque planche. Si la typographie du carnet de bord n'est pas toujours très lisible, l'auteur fait le choix pertinent de distinguer celles utilisées dans la narration et les dialogues.

 

L'histoire s'ouvre sur le deuil difficile de la mère de Séraphin, disparue lors d'une exploration en ballon, cependant tout s'accélère à réception de la lettre évoquant son carnet de bord retrouvé, pour ne plus faiblir par la suite. Dans le château du roi de Bavière, la majesté du bâtiment séculaire contraste avec l'effervescence technique du projet "d'éthernef". Ludwig est un roi rêveur négligeant son rôle de souverain, aspirant à voyager dans les airs davantage pour des raisons romantiques que scientifiques. D'ailleurs son architecte, dont l'atelier évoque celui, foisonnant, de Léonard de Vinci, a des préoccupations très éloignées de celui d'un ingénieur comme le père de Séraphin : dans ses plans, il est avant tout question de "salon royal", de "fosse d'orchestre" (!) et même d'une chapelle !.. La scène qui oppose les deux hommes entre considérations techniques et esthétisme est très drôle ("La science n'est pas un sport d'amateurs") !

 

Mais dans l'ombre, certains sont bien conscients de l'enjeu de pouvoir que représente (déjà à l'époque !) la conquête spatiale : celui qui deviendra "le maître de l'éther" aura une pression non négligeable sur les autres souverains. Parmi les proches du roi de Bavière se cache un espion au service de la Prusse... Les incidents se multiplient, et Séraphin, aidé de ses nouveaux camarades Hans et Sophie, enquête sur l'identité du traître. L'album se termine par une scène d'action grandiose qui nous laisse en plein suspense ! A suivre donc, dans le tome 2 de ce premier cycle.

Patricia Deschamps, avril 2019

1869 : la conquête de l'espace, vol. 2

- Où sont les frontières ?

- Dans nos têtes, je suppose !

Rue de Sèvre, 2018, 62 p.
Rue de Sèvre, 2018, 62 p.

Nos héros, qui ont échappé de justesse aux hommes de Bismarck en embarquant dans l'éthernef, voient le château s'éloigner sous leurs yeux au fil de leur montée dans le ciel. Les voici sur le point de prouver leur théorie, franchir le mur de l'éther et découvrir l'espace mystérieux et infini.

 

Une avarie va faire de leur rêve le plus fou une réalité, les forçant à se poser sur la face cachée de la Lune. Si le père de Séraphin fera tout pour les ramener vivants sur Terre, le Roi semble caresser d'autres espoirs tandis que Séraphin, lui, veut à en savoir plus sur la disparition de sa mère.

(4e de couverture)

Mon avis :

Le graphisme est toujours aussi beau avec ses couleurs diluées façon aquarelle et ses lignes de phylactères très douces, oranges ou bleues. On se régale avec les magnifiques illustrations pleine page et la mise en page variée (médaillon incrusté dans la vignette, vignettes en éventail pour exprimer les différentes réactions des personnages de manière simultanée, etc.). Côté scénario, on se croirait dans un récit de Jules Verne entre aventure extraordinaire et explications scientifiques. Celles-ci sont très claires, les enfants posant des questions naïves au fil des événements auxquelles le père répond simplement (le fonctionnement de la pesanteur, la gravité de la Lune, etc.). Le grain de folie du roi vient relancer une intrigue qui commençait à traîner et apporte une touche fantastique appréciable. J'aurais aimé que l'auteur développe un peu plus l'opinion, désabusée mais pertinente, de Ludwig sur la souveraineté ("Ce siècle veut la guerre, et noyer dans la boue des champs de bataille tout ce qui est beau et grand...").

L'aventure se termine à la fin de ce tome 2 cependant on peut retrouver les jeunes héros dans le deuxième cycle, "Les chevaliers de Mars".

Patricia Deschamps, juillet 2019


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