Le BBG : Le Bon Gros Géant

roman de Roald DAHL

Je suis un géant très confus, mais je fais de mon mieux.

Gallimard jeunesse, 2016 (pour cette édition), 254 p.
Gallimard jeunesse, 2016 (pour cette édition), 254 p.

Cette nuit-là, Sophie aperçoit de la fenêtre de l'orphelinat une silhouette immense vêtue d'une longue cape et munie d'une curieuse trompette... Soudain, une main énorme s'approche et saisit la petite fille terrifiée pour l'emmener ! Et la voilà au pays des géants...

 

Heureusement, Sophie est tombée entre les mains d'un géant peu ordinaire : le Bon Gros Géant, qui se nourrit de légumes et souffle des rêves dans les chambres des enfants. Tous deux se lient aussitôt d'amitié.

 

Mais au pays des géants, les compagnons du BGG sont d'authentiques croqueurs d'humains ! Alors Sophie ne doit surtout pas se faire repérer...

Mon avis :

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Le 13 septembre 2016, Roald Dahl aurait eu 100 ans. Un centenaire qui coïncide avec l'adaptation au cinéma par Steven Spielberg de ce roman paru en 1982, et que la réédition par Gallimard jeunesse m'a donné envie de découvrir. Une lecture que je ne regrette pas ! Le BGG est une histoire pleine d'imagination, d'émotion et de poésie.

 

Ce qui amuse tout d'abord, c'est le langage du géant. Comme il le précise lui-même, il n'est jamais allé à l'école et "parle d'une manière un peu drôle" qui peut déstabiliser son interlocuteur : la plupart des mots qu'il emploie sont des néologismes construits à partir de la contraction de deux termes existants. Par exemple, "les hippogrossesdames" et "les alligrasports", "c'est exécrignoble" ou encore "ignominable". Cette façon de s'exprimer peut perturber un "petit" lecteur (un peu comme le prince de Motordu qui intervertit lettres et syllabes), mais en même temps c'est assez phonétique ("c'est redoncule et un pot cible") et surtout très évocateur ! Quant aux fautes d'orthographe, soit elles feront sourire, soit... elles passeront inaperçues !

 

C'est lorsque le BGG évoque les rêves qu'il capture et souffle aux enfants que le récit prend sa dimension poétique. Les rêves sont invisibles, mais le géant perçoit leur musique, ce qui lui permet d'accéder à leur contenu : "Les rêves sont pleins de mystère et de magie, n'essaye pas de les comprendre". Un don précieux qui sera déterminant par la suite ! Et ce géant particulier, méprisé et molesté par ses congénères pour son gabarit "d'avorton" (il ne fait "que" sept mètres contre quinze pour les autres !) et bien sûr son végétarisme, est en réalité plein de ressources. Généreux et altruiste, patient (elle en a des questions, la petite Sophie !), c'est aussi un grand philosophe très critique à l'égard des hommes.

Car si le BGG "se mêle aux ombres" pour ne pas se faire remarquer, c'est qu'il a peur de se faire capturer et enfermer dans un zoo. Les hommes sont "tous des pourris", affirme-t-il, ils croient tout savoir et en même temps, ne croient que ce qu'ils voient. Comment pourraient-ils accepter son existence ? Et puis "Chacun invente les règles qui lui convient le mieux" au lieu de penser collectif. D'ailleurs le plus grave à ses yeux, c'est que "l'homme est le seul être qui tue son semblable" dans d'effroyables guerres... Ce ton vindicatif amène Sophie (et le lecteur) à réfléchir, "cet extraordinaire géant dérangeant ses idées reçues".

 

Le seul élément que l'on pourrait reprocher à ce roman, c'est la mise en place trop longue de l'intrigue. Au départ, je pensais qu'il n'y en avait pas, que tout le livre se concentrerait sur la découverte du monde des géants par la fillette. Et puis après en avoir lu une grosse moitié, voilà qu'une décision s'impose à Sophie : il faut débarrasser le monde des neuf ogres voraces qui tuent chaque nuit d'innocentes victimes. "L'avaleur de chair fraîche", "le croqueur d'os", "le buveur de sang"... leur nom fait trembler, cependant c'est plutôt l'humour qui ressort de leur description. Beaucoup d'humour également dans les derniers chapitres, notamment dans l'épisode du petit-déjeuner royal. Les nombreuses illustrations de Quentin Blake, si elles sont un peu datées, contribuent à l'immersion dans le récit.

Un moment de lecture fabuleux qui donne envie de (re)découvrir d'autres œuvres du célèbre auteur britannique !

Patricia Deschamps, juillet 2016

 

A noter : il existe, pour les plus jeunes, un sympathique livre d'activités grand format qui permet de prolonger l'immersion dans le monde du BGG à travers des jeux, notamment de langage.

 

 

♦ Le film (★★★★) :

Le film de Steven Spielberg est visuellement très abouti (et encore, je ne l'ai pas vu en 3D) et plein d'émotion. La ville, la grotte du BGG, le palais de la reine : tous les décors sont peaufinés dans le moindre détail. Quant aux géants, ils sont terrifiants! Spielberg est même allé jusqu'à ajouter des éléments qui ne sont pas dans le roman, et il faut reconnaître que c'est judicieux : il y a une magnifique scène autour de l'arbre à rêves, l'évocation émouvante d'un petit garçon à la veste rouge, et la punition finale des ogres est très drôle ! La façon de s'exprimer du BGG ne semble pas avoir gêné ma fille : "Je ne comprenais pas tous les mots en détail mais je comprenais en général !". C'est donc une adaptation réussie, qui remet au goût du jour un grand classique de la littérature jeunesse !

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