Dans un château de Normandie, Dame Yolande et sa petite-fille Marguerite vivent paisiblement. Lors d'un été de sècheresse, Margot décide d'assécher les douves du château pour en faire un jardin. Mais ce projet provoque la colère d'une grenouille qui prétend être la reine Coax, une ancêtre de la jeune fille victime d'une malédiction...
(4e de couverture)
Mon avis :
Grâce à ce spécimen reçu au collège, j'ai découvert l'un des contes que George Sand racontait à sa petite-fille Aurore. J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire (il faut dire que j'en étais à la surveillance de la quatrième et dernière épreuve du brevet, un vendredi après-midi caniculaire). Mais lorsque j'ai repris ma lecture chez moi au calme, j'ai mieux apprécié l'histoire, d'autant qu'elle est imprimée dans une belle édition en couleur dotée de jolies illustrations.
Comme dans les romans plus connus de l'autrice (La mare au diable, La petite Fadette, François le Champi), le récit met en avant la beauté de la nature sauvage ("Les mille bestioles qui s'ébattaient dans la mousse et la vase")... que Margot a fait disparaître au profit d'un jardin domestiqué avec bassins de marbres, eaux limpides, poissons rouges et autres cygnes - ce qu'elle regrette un peu. La description de toutes ces fleurs et insectes est un peu longue, mais l'on comprend l'idée: en asséchant les douves, Marguerite a fait disparaître tout un écosystème. Plus précisément, elle a détruit le peuple de la reine grenouille, Coax.
On se demande longtemps si celle-ci est sincère ou bien manipulatrice. Le cousin de Margot, Mélidor de Puypercé, lui, l'est clairement: il met de mauvaises idées dans la tête de l'héroïne: se marier, devenir riche, sortir de sa campagne pour voir le monde... Il est clairement intéressé par l'héritage de la jeune fille qu'il trouve par ailleurs très laide. Mais la reine Coax est-elle véritablement victime d'une malédiction? La scène de la métamorphose est si grotesque qu'elle en devient drôle.
Et comme la fable de La Fontaine à laquelle elle fait référence ("La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf"), ce petit conte propose en guise de morale une jolie conclusion que l'on peut facilement transposer à toute époque: "N'essaie pas de devenir belle par la puissance des enchantements. Reste intelligente et bonne, et n'appartiens qu'à celui qui t'aimera telle que tu es".
Et pour compléter cette lecture, je vous recommande de (re)voir le film d'animation "La princesse et la grenouille" qui se déroule à la Nouvelle-Orléans dans les années 1920 !
Patricia Deschamps, juillet 2025