L’œil de Maracaña

roman de Bruno PAQUELIER

Pense à l'équipe, laisse ton ego à la maison !

Oskar, 2014, 97 p.
Oskar, 2014, 97 p.

 

Edimo est brésilien et vit dans une favela de Rio de Janeiro. Fan de Pelé, il s'entraîne dans la rue au milieu des trafiquants de drogue...

 

Eminh vit dans un pays asiatique connu pour sa dictature. Admis à la prestigieuse Ecole nationale du sport, Eminh subit un entraînement drastique que viennent compléter de mystérieuses injections quotidiennes...

 

Les deux joueurs se rencontrent pour la première fois lors d'un grand tournoi international à Paris. Aussitôt, quelque chose de fort passe entre eux. Une connivence qui va les pousser à faire quelque chose d'incroyable, sous les yeux du monde entier.

Mon avis :

Un roman sur le football, qui parle assez peu de football en réalité.

Edimo et Eminh sont deux garçons déterminés à devenir des champions. On suit tout au long des pages leurs deux récits-miroirs autour de leur passion commune. Une passion qui est avant tout un moyen de sortir de la misère (pour l'un) et de l'oppression (pour l'autre). Car la véritable thématique de ce livre, c'est la quête de la liberté personnelle : être libre de choisir son avenir.

Chacun des deux héros vit en effet dans un contexte social difficile. Dans la favela d'Edimo, ce sont les trafiquants de drogue qui font la loi. Mais si "la drogue fait vivre de nombreuses familles", elle fait aussi bien des dégâts, comme ces balles perdues qui ont tué des enfants... Du côté d'Eminh, c'est le règne de la dictature : on étouffe tout esprit de rébellion, on achète la soumission des joueurs et de leurs familles. Utilisé comme vecteur de communication, le football n'a d'autre intérêt que de véhiculer à travers le monde une image positive du pays. Rien d'étonnant dès lors que ces deux-là se sentent une connivence au premier regard.

Ce qui est étonnant par contre, c'est leur geste final dans le fameux stade brésilien de Maracaña. Un courageux geste de refus, refus de mettre sa notoriété au service d'un pays partial, de cacher la misère ou le despotisme derrière les paillettes d'une coupe du monde : "Ils n'ont pas voulu qu'on se serve de leur talent pour masquer leurs souffrances et celles de leurs compatriotes". Une attitude noble comme on l'a parfois vue chez d'authentiques sportifs (voir La chanson pour Sonny), mais présentée ici d'une manière un peu trop idéaliste pour être crédible. D'autant plus que le récit s'arrêtant net, on doute de l'efficacité réelle d'une telle action.

 

Patricia Deschamps, mai 2016

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