L'autre moitié de moi-même

Autobiographie d'Anne-Laure BONDOUX

Si j'ai finalement décidé de publier ce récit, c'est que j'espère partager avec vous les émotions liées à des moments où la vie s'emballe, s'emmêle, bouscule nos repères, nos croyances et nos certitudes. Ces moments de crise aiguë où, quel que soit notre âge, nous nous demandons brutalement qui nous sommes et où nous allons.

Bayard, 2011, 200 p.
Bayard, 2011, 200 p.

Le 25 octobre 2010, alors qu'elle repart de chez une amie fatiguée et bouleversée, Anne-Laure Bondoux croit percuter un enfant à vélo sur la route... mais lorsqu'elle sort du véhicule, il n'y a rien sous le capot.

 

L'auteur réalise alors qu'elle traverse une période de dépression profonde, certainement à l'origine d'ailleurs de sa panne d'inspiration qui l'empêche de faire ce qu'elle a toujours fait avec succès : écrire des romans.

 

Anne-Laure Bondoux décide alors d'explorer ce gouffre sombre et hostile qui l'aspire, en remontant le cours de sa vie. Plonger dans son enfance, ses peurs et ses angoisses, écrire non pas pour inventer mais pour se libérer... Qui est donc cet enfant invisible et que symbolise-t-il ?

Mon avis :

Quel récit autobiographique courageux et touchant ! Anne-Laure Bondoux prend le risque de s'y mettre à nu et l'on mesure rien que dans cet acte toute la profondeur de sa détresse personnelle et professionnelle. Il en faut de l'humilité pour afficher ainsi ses angoisses... L’affolement de ne plus trouver ses mots, ni même une idée... La nécessité de parler de soi, d'exposer ses failles, pour mieux accéder à la délivrance, à l'apaisement. C'est tout cela que nous raconte l'auteur, et elle le fait très justement, en toute honnêteté, sans excès de pudeur ni de sordide. Il n'y a de toute façon rien de méprisable dans ce qu'elle raconte, juste le travail sur soi d'une femme ordinaire qui a perdu ses repères.

 

 

Abandonnant le monde familier de la fiction, Anne-Laure Bondoux se raconte, évoquant ses parents et sa sœur, puis son compagnon et ses enfants (les grands-parents, on aurait pu s'en passer...), à grand renfort de photos, d'écrits divers, sans oublier les lectures qui l'ont aidée à traverser cette douloureuse période. Elle interroge ses proches, analyse ses émotions ("L'enfer est à l'intérieur de moi"), tout en présentant au monde une façade de convenance. Elle finit par comprendre que les révélations de sa mère, qui porte un lourd secret depuis des années, ainsi que la rupture de son couple, ont bouleversé l'image qu'elle se faisait d'elle-même. Dès lors, il lui appartient de trouver en elle "ses propres forces", elle qui a toujours dépendu affectivement des autres...

 

Une crise compréhensible, qui pourrait arriver à n'importe lequel d'entre nous... Et en tant que lectrice régulière, je suis heureuse de voir qu'Anne-Laure Bondoux a finalement vaincu (dompté ?) ces années passées dans "le gouffre" comme en témoigne la publication de son roman Tant que nous sommes vivants !

Un texte fort que l'on peut apprécier même sans connaître son auteur !

 

Patricia Deschamps, mars 2015

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