L'arbre aux fruits amers

roman d'Isabelle WLODARCZYK

Les arbres du Sud portent un étrange fruit,

Du sang sur les feuilles et du sang aux racines,

Un corps noir qui se balance dans la brise du Sud,

Etrange fruit suspendu aux peupliers.


Strange fruit
(Fruit étrange), Abel Meeropol, 1937

Oskar éditeur, 2012, 123 p. (Histoire et Société)
Oskar éditeur, 2012, 123 p. (Histoire et Société)

Un soir d'août 1930 à Marion (Indiana). Avec ses copains noirs Abe et Tommy, James Cameron agresse un couple de Blancs afin de leur voler leurs portefeuilles. Reconnaissant l'homme - un des sympathiques clients à qui il cire les chaussures - James change d'avis et s'enfuit, tandis que résonnent des coups de feu. Mais l'alerte est donnée et comme le Blanc a été tué, les policiers ne tardent pas à débarquer chez James pour l'arrêter comme les deux autres malgré ses proclamations d'innocence.

 

Pendant ce temps, Sam Stratley, le fils du shérif, se fait introniser membre du Ku Klux Klan, une société secrète de Blancs racistes réputés pour leurs actes violents. Quand Sam apprend l'évènement, il organise aussitôt le lynchage avec ses nouveaux "camarades" : arrachant les prisonniers à leur cellule, il appelle la foule à les pendre...

Mon avis :

Inspiré de faits réels, ce livre explique la discrimination raciale aux plus jeunes à travers un roman et un dossier à la fois clairs et passionnants. Vocabulaire simple mais précis, style dynamique et justesse des émotions, tout concourt à nous immerger dans l'Amérique ségrégationniste dès les premières lignes.

 

Le récit alterne le point de vue du jeune James, victime de l'injustice des Blancs et surtout de la violence du Ku Klux Klan, et celui du jeune Sam qui en défend ardemment les idées. Entre eux deux : le shérif, qui fait de son mieux pour exercer son rôle le plus objectivement possible, et n'est pas loin de considérer son propre fils comme un monstre.

 

Et comme il y a un peu de poésie dans ce monde de brutes, l'histoire de James, Abe et Tommy fera l'objet quelques années plus tard d'un touchant poème d'Abel Meeropol, repris par la chanteuse de jazz Billie Holiday, où les corps des Noirs pendus à un arbre sont comparés à des "fruits étranges"...

 

Patricia Deschamps, janvier 2014

Voir aussi "Billie H." de Louis Atangana
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