Jefferson

roman de Jean-Claude MOURLEVAT, illustré par Antoine RONZON

Gallimard jeunesse, 2021, 216 p. (Folio junior)
Gallimard jeunesse, 2021, 216 p. (Folio junior)

 

Venu se faire rafraîchir la houppette au salon Defini-Tif, le hérisson Jefferson découvre une scène horrible: le blaireau Edgar, son coiffeur, gît sur le sol, assassiné avec une paire de ciseaux plantée dans la poitrine...

 

Accusé du crime, Jefferson est contraint de se cacher, avec l'aide de son meilleur ami, le cochon Gilbert. Décidés à trouver les coupables afin d'innocenter le hérisson, ils remontent une piste qui les entraîne au pays des êtres humains.

(4e de couverture)

Mon avis :

J'ai beaucoup aimé le petit monde de Jefferson avec ses animaux en tous genres. Le personnage lui-même est attendrissant, victime innocente d'un horrible meurtre dont il est injustement accusé. Quiconque connaissant ce gentil hérisson comprend qu'il ne peut être le coupable! Même les "Ballardeaux", les compagnons de visite de Jeff et Gilbert qui se sont infiltrés dans un voyage organisé à Villebourg, au pays des humains, pour enquêter, s'en rendent vite compte: Jefferson est parfaitement adorable et inoffensif.

 

J'ai trouvé par contre que l'investigation des deux amis n'avançait pas. Les indices sont maigres et les démarches ne donnent pas grand chose. Il faut attendre plusieurs chapitres pour que l'intrigue décolle vraiment.

 

La façon dont les hommes traitent les animaux en visite chez eux ("comme des inférieurs") a commencé à m'interpeler: "Certains humains le considéraient avec amusement, quand ce n'était pas avec un air moqueur". Mais c'est le combat de feu Mr Edgar qui donne au livre sa véritable dimension: "Il militait contre l'élevage, le transport et l'abattage industriel des animaux de boucherie".

La scène à l'abattoir qu'espionne Gilbert est atroce. Le cochon en perd son humour, et pour cause: cela pourrait être lui à la place de ces animaux ("Elles savent qu'elles vont mourir, ces bêtes, et elles peuvent pas se défendre"). Le propos vise bien sûr à faire réfléchir sur ses propres habitudes alimentaires, même si cela ne se fait pas "en un coup de baguette magique".

 

J'ai aussi apprécié les valeurs de solidarité transmises à travers l'aventure. Jefferson et Gilbert ne seraient pas venus à bout des assassins sans l'aide de leurs nouveaux amis ("Oui, c'était eux qui avaient fait ça, ensemble"). Au final, le jeune hérisson aura découvert la joie d'être entouré, d'évoluer à plusieurs, bon gré mal gré ("Pendant le voyage, la solitude lui avait parfois manqué. Maintenant il avait la nostalgie du groupe."). Ainsi il ressortira du bon de cette expérience malheureuse, Jefferson aura gagné en confiance et en estime de soi.

 

Patricia Deschamps, décembre 2021


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