Freak city

roman de Kathrin SCHROCKE

A toi de décider si tu veux élargir ton horizon.

La joie de lire, 2013, 273 p. (Encrage)
La joie de lire, 2013, 273 p. (Encrage)

Depuis que sa petite amie Sandra l'a quitté, Mika déprime. Alors quand il l'aperçoit en ville avec ses copines, il ne peut s'empêcher de la suivre.


Il découvre un café qu'il ne connaissait pas, "Freak city", où il fait la connaissance de la belle Léa. Celle-ci lui semble un peu distante et sauvage au premier abord, mais c'est parce qu'en réalité, elle est... sourde.


Cette nouvelle déstabilise Mika qui connaît assez mal ce handicap. Mais Léa est séduisante, et il a très envie de rendre Sandra jalouse... Alors sur un coup de tête, l'adolescent donne rendez-vous à la jeune sourde et décide d'apprendre la langue des signes avec Brigitte, la gérante du Freak city.

Mon avis :

Découvrir Signmark, qui rappe en signant
Découvrir Signmark, qui rappe en signant

Je n'ai pas accroché tout de suite à ce roman. Au début, j'ai trouvé l'intrigue lente à démarrer et le héros un peu niais. Comme dirait son ex, il est plutôt "ennuyeux et sans intérêt", et puis on a l'impression qu'il n'a jamais rencontré de malentendant de sa vie ! Un rien l'étonne tandis qu'il découvre le monde des sourds et ses contraintes. Seul l'épisode du Café Noir a retenu mon intérêt : il s'agit d'un bar plongé dans l'obscurité dont l'objectif est de mettre les clients dans la peau d'un aveugle. Chouette idée !

 

Et puis peu à peu, Mika évolue au contact de l'étonnante Léa et de ses amis. Si son copain, légèrement moqueur (et abruti), s'amuse de le voir "entiché d'une handicapée", lui réalise qu'il était jusque là amouraché d'une fille superficielle (Sandra), "une jolie fille blonde comme tant d'autres", qui ne s'intéresse pas à grand chose à part les fringues et le maquillage. Mika porte également un regard nouveau sur ses relations familiales : il se plaignait jusque là du peu d'intérêt que ses parents lui portent, mais lorsqu'il voit comment Léa est perçue par sa propre famille, il se met à relativiser sa propre situation. Certes il n'est pas le sportif que son père aurait voulu, mais au moins ils peuvent discuter, échanger ensemble. Ceux de Léa n'ont même pas pris la peine d'apprendre la langue des signes...

 

En fait, plus l'histoire avance, et plus Mika devient attachant et Léa émouvante. "J'aimerais te donner une impression de force !", lui avoue la jeune fille qui se bat au quotidien pour se faire accepter dans ce monde qui n'est pas le sien. Car "la surdité, c'est une culture à part" et pour la première fois, Mika a envie d'apprendre à connaître cette adolescente qui le fascine, plutôt que de se contenter de la "peloter". Et plus il passe de temps avec Léa, moins il est en phase avec ses amis d'avant... Mais plus il gagne en sensibilité, en maturité, en ouverture aux autres, aussi : "La manière dont ses yeux rencontraient les miens et comprenaient sans paroles". Mika finira par comprendre (et faire comprendre) que "ce sont les êtres qui sont importants, pas qu'ils soient sourds ou qu'ils entendent." Si seulement tout le monde pouvait avoir un tel état d'esprit !

Patricia Deschamps, novembre 2015


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