Double faute

roman d'Isabelle PANDAZOPOULOS

La solitude est d'abord une sensation physique.

Gallimard jeunesse, 2016, 200 p. (Scripto)
Gallimard jeunesse, 2016, 200 p. (Scripto)

Depuis son plus jeune âge, Ulysse et son frère Ludovic sont entraînés au tennis par leur père qui n'a qu'un seul but : faire d'eux des champions. A tout prix. Quitte à les pousser à la rivalité qui leur permettra de se surpasser et fera émerger le meilleur des deux.

 

Aussi, le jour où Ulysse craque, à quatorze ans, et décide de tout arrêter à la suite d'une blessure pour vivre comme tout le monde (aller à l'école, lire des livres, draguer les filles), son père l'humilie mais ne fait rien pour le dissuader, misant tout sur Ludo.

 

Deux ans plus tard, c'est le drame : Ludo s'effondre en plein match et tombe dans le coma...

 

Texte : service de presse

Mon avis :

L'histoire bouleversante de deux frères tyrannisés par leur père.

Champion de tennis : une ambition qu'Ulysse s'est vu imposée sans qu'on lui demande son avis. Le rêve de son père plutôt que le sien : "Pour papa, tout ce qui n'était pas du tennis n'avait aucun intérêt. Quant à maman, elle évitait tout ce qui pouvait le contrarier". Sauf que dès le départ, l'adolescent s'est senti "l'éternel second, un peu moins bon, un peu moins grand, un peu moins fort que mon frère" d'à peine quelques mois son aîné. Car si l'intensité des entraînements et la pression de la compétition sont terribles, le plus dur à supporter c'est cet esprit de rivalité que leur père entretient volontairement entre Ludovic et lui, qui pourtant s'adorent. Alors comme l'héroïne des Variations Lucy, il prend la courageuse décision d'abandonner : "Pour la première fois de ma vie, je faisais quelque chose que j'avais décidé moi".

 

De ce jour-là, il est ignoré par tous ("pas un regard pour moi"), "condamné à vivre dans l'ombre" de ce frère adulé, personne ne s'inquiétant de "ce que ça pouvait me faire à moi". Y compris lorsque Ludo tombe dans le coma suite à une rupture d'anévrisme... Dès lors, tout vole en éclat, la parole se libère : "On ne veut plus que tu nous compares, papa, c'est fini ton jeu pourri, on sera pas des champions!..". Tandis que l'un, détruit, végète à l’hôpital, l'autre tente de se reconstruire auprès de sa grand-mère maternelle ("J'aimais cette vieille femme malicieuse") chez qui il démarre une nouvelle vie. Cependant rien n'est simple... Pas simple de gérer cette "haine brûlante et sans limites" contre un père qui a toujours caché un caractère violent derrière son image d'entraîneur intraitable. Pas simple de se faire passer pour un autre, "léger, insolent et conquérant" dans ce nouveau lycée où Ulysse démarre une nouvelle vie... Pas simple d'oublier le tennis ! D'ailleurs, l'ex-champion transpose son vocabulaire dans le jeu de séduction qu'il entame auprès de la belle Nina-Lou : "se battre" pour "gagner" son cœur, mettre en place une "tactique" pour la conquérir, "trouver sa faiblesse", "la pousser à la faute"...

 

Ulysse réalisera peu à peu que "le mur que j'avais érigé entre mes deux vies" est bien fragile et surtout, ne correspond pas à ce qu'il est, à ce qu'il veut. Il finira par exprimer à ses proches son ressenti, reprenant le "court" de sa vie... mais à sa manière.

Patricia Deschamps, juin 2017

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relations père-enfant
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