Blacksad

BD de Juan Diaz CANALES (scénario) et Juanjuo GUARNIDO (illustrations)

1. Quelque part entre les ombres

- J'aime imaginer un monde juste, où même les puissants paieraient leurs fautes.

Dargaud, 2000, 48 p.
Dargaud, 2000, 48 p.

 

Natalia, une actrice de cinéma, vient d'être retrouvée morte chez elle, une balle dans la tête. Pas de mobile et aucun suspect à déplorer. Le chef de la police, Smirnov, a fait venir le détective privé John Blacksad, qui se trouve être l'ancien amant de la jeune femme, pour avoir son avis, même s'il lui somme de se tenir à l'écart de l'enquête. Conseil, évidemment, que Blacksad ne compte pas suivre. Il se rappelle alors l'époque où ils étaient ensemble, les inquiétudes ou les faiblesses de l'actrice. Il se met en tête de la venger et de punir les meurtriers.

 

Texte: marina53 pour Babelio

Mon avis :

lire les premières pages
lire les premières pages

J'ai plus d'une fois vu passer cette bande dessinée ces dernières années et je me décide enfin à la lire! J'ai trouvé le graphisme particulièrement abouti. Le choix des personnages ("un monde où les hommes se comportent comme des animaux"), le travail sur les couleurs et la mise en page, la minutie des décors: tout concourt à créer un monde original, sombre et violent comme dans un vieux polar. La starlette assassinée, le privé borderline, l'homme d'affaires véreux... On se croirait dans un film des années 1950-60!

 

On suit John Blacksad dans les bas-fonds de la ville ("Le cas de la fille Wilford commence à remuer pas mal de boue") où il croise la vermine locale (des rhinocéros et des ours gardes du corps, une fouine rusée, un homme-serpent perfide, un gros porc au bar... c'est cliché mais ça fonctionne) afin d'élucider ce qui est arrivé à son ex-copine sexy, mangeuse d'hommes (façon de parler!) et briseuse de cœurs. J'aurais aimé que l'intrigue soit un peu moins linéaire, plus élaborée (et donc plus longue), mais l'ensemble fonctionne et ce premier tome donne envie de poursuivre dans cet univers si singulier.

Patricia Deschamps, mai 2021


2. Arctic-Nation

Dargaud, 2003, 48 p.
Dargaud, 2003, 48 p.

Miss Grey, institutrice, fait appel aux services de Blacksad. En effet, l'une de ses élèves, Kayleigh, une petite noire, a mystérieusement disparu. Le plus étrange vient du fait que personne ne semble s'en préoccuper, même pas sa mère qui n'a pas porté plainte auprès de la police. Cette dernière a supposé que c'était la bande des "Black Claws" qui devait avoir fait le coup. Ce clan composé de Noirs touchés par le chômage et la misère, s'oppose à celui des "Artic-Nation", riches notables prônant la domination de la race blanche. Malgré l'ambiance délétère et une fouine journaliste qui lui colle aux basques, le détective compte bien ramener la gamine à sa mère...

Mon avis :

Blacksad est décidément une série pleine de surprises. Le scénario nous plonge cette fois en pleine ségrégation, la scène d'ouverture faisant référence au Strange fruit de Billie Holiday: le corps d'un rapace est retrouvé pendu à un lampadaire en pleine ville. Celle-ci est dominée par les "Arctics" et leurs "idées racistes de merde". Ce sont tous des animaux blancs issus de riches et puissantes familles chrétiennes. Si leur logo flocon blanc/noir/rouge m'a évoqué la svastika, c'est bel et bien du Ku Klux Klan qu'ils relèvent, comme en témoigne la scène en costume dans l'usine désaffectée.

 

J'ai trouvé qu'il y avait dans ce tome un véritable travail autour des couleurs, beaucoup plus changeantes que dans le premier. J'ai beaucoup aimé la scène de l'incendie, tout en action et couleurs chaudes, ainsi que l'enterrement où les tenues noires contrastent avec la neige, avec ces petites touches de rouge que constituent la rose et le rouge à lèvres.

L'humour est également présent par touches, notamment à travers le personnage de Weekly, qui travaille pour le journal à sensations "What's news" et dont l'animal est judicieusement choisi puisque c'est une fouine!

Enfin, le dénouement, inattendu, révèle une intrigue plus subtile qu'en apparence. Cette série tient vraiment une place à part!

Patricia Deschamps, juin 2021

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