Y'en a marre de la peur !

roman d'Arthur TENOR

La paix ! Je veux qu'on me fiche la paix !

Oskar, 2019, 184 p.
Oskar, 2019, 184 p.

 

Rémi vit cerné par la peur. Sa mère ne le lâche pas une minute avec ses angoisses sur la nourriture, sur la sécurité, sur ses fréquentations..., et son père le stresse sans cesse sur son avenir. Au collège règne aussi la peur du racket, du harcèlement, du terrorisme... «Y'en a marre à la fin !» finit par clamer ce malheureux garçon à son copain Gendün, d'origine tibétaine qui, lui, est un modèle de sérénité, toujours souriant, toujours positif. Comble de chance, Gendün connaît une solution pour aider Rémi à maîtriser ses peurs...

 

(4e de couverture)

Mon avis :

Avoir peur, c'est normal. Et même indispensable pour prendre conscience du danger. Mais lorsqu'elle gouverne le quotidien, générant stress et paranoïa, c'est trop! C'est ce qui arrive au jeune héros de ce roman qui s'adresse, selon moi, aussi bien aux adolescents qu'aux adultes. Car dans cette histoire, c'est bel et bien les parents qui transmettent et entretiennent le climat de peur ("Objectivement, il ne devrait pas avoir peur. Mais voilà, sans savoir pourquoi, il est juste terrifié. Le conditionnement familial sans doute")! Le père de Rémi est "toujours inquiet", quant à sa mère, son attitude relève presque de la "maladie mentale" ("Elle voit le mal et les menaces partout et en tout"). Une oppression familiale dont les parents ne sont pas toujours conscients mais qui fait bien des dégâts...

 

Dès lors, "comment contrer de telles inepties?" C'est avec le grand-père de son camarade Gendün que Rémi va progressivement apprendre "la voie de la paix intérieure et de la confiance". Grand-pa Zenji est tibétain et donc imprégné de la sagesse bouddhiste. La peur, il connaît, pour avoir vécu autrefois dans son pays des événements traumatisants. En commençant par revenir sur l'histoire du Tibet, il fait comprendre à Rémi qu'il faut relativiser ce que l'on vit, qu'il existe des peurs plus grandes et plus graves que celles qu'il ressent. Ses premiers conseils relèvent du bon sens: prendre du recul, se raisonner et même "chasser la peur par l'humour".

 

Ensuite grand-pa Zenji utilise une métaphore propre à ses croyances: la peur est représentée par un dragon ("le dragon de la peur") qui peut être combattu par un autre, le dragon Lu comme "lucidité". Il est aussi question de pierres de sérénité venant récompenser chaque réussite: "Chaque fois qu'une peur monte de ton cœur pour parler à ta tête, tu dois trouver une solution pour qu'elle s'évapore et disparaisse, ou pour la transformer en force". Cette démarche donne un aperçu de la philosophie bouddhiste consistant à "cultiver son jardin de sérénité".

 

J'ai beaucoup aimé le passage où les parents de Rémi rencontrent grand-pa Zenji ("Un beau moment de partage. De découverte aussi") pour profiter eux aussi de ses enseignements ("Papa aurait bien besoin lui aussi d'écouter le dragon Lu"). Mais dans l'ensemble je ne sais pas trop ce qu'un jeune lecteur peut retenir de cette histoire. Le changement opéré chez le héros semble trop facile pour être crédible. Et l'impact d'un texte n'est pas le même que celui d'un vieux sage... Cependant l'auteur aura donné quelques pistes de réflexion pour enclencher "une victoire sur la méfiance injustifiée" que l'on pourra compléter par d'autres lectures.

 

Patricia Deschamps, avril 2021

rubrique développement personnel
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