Toute la vie pour réussir : Clément, élève en SEGPA

roman de Sophie BÉNASTRE

Différent ! Il est toujours différent.

Oskar, 2021, 132 p.
Oskar, 2021, 132 p.

 

Clément a du mal à suivre à l'école. Alors que ses copains s'apprêtent à passer en 6e, il va être orienté en classe SEGPA, « accueillant des élèves qui présentent des difficultés d'apprentissage graves et durables ». Clément ne comprend pas : ce n'est pas possible qu'il soit si bête, alors qu'il joue tous les dimanches dans l'orchestre de son père : le saxophone, ce n'est pas à la portée du premier cancre venu. Dans cet établissement pas comme les autres, Clément va apprendre que tout élève a le droit d'envisager l'avenir avec confiance, pour peu qu'on lui donne la chance d'apprendre à son rythme.

 

(4e de couverture)

Mon avis :

A la découverte de la SEGPA (Section d'Enseignement Général et Professionnel Adapté) du collège Jacques Brel, à travers le regard du touchant Clément qui vient de l'intégrer.

Il n'est pas facile d’accepter la différence, ni pour l'enfant concerné ("Différent ! Il est toujours différent."), ni pour ses parents ("Elle aurait tellement voulu que son fils soit un enfant comme les autres")... Clément a des difficultés pour apprendre, c'est un fait que tout le monde reconnaît. La vie "c'est vraiment pas juste des fois!" et "il ne faut pas chercher des responsables dans cette histoire"... Plutôt un moyen de faire face à la situation. La 6e SEGPA est pour Clément une chance de suivre "un enseignement adapté pour avancer à son rythme", de faire son bonhomme de chemin malgré tout.

 

La SEGPA est aussi une chance pour ne plus être en souffrance. Clément se retrouve dans une classe de 12 élèves rencontrant tous des difficultés, même si elles sont différentes. Il se lie d'amitié avec certains d'entre eux, loin des insultes des élèves "ordinaires" ("Faut pas oublier qu'on est des abrutis! Des gogols, comme les autres disent! Des débilos!"). Le professeur référent est un enseignant bienveillant, qui rassure, encourage, motive, adapte les consignes, laisse le temps, favorise l'entraide. Objectif: que ses jeunes élèves retrouvent confiance et estime de soi.

 

Celle-ci passe bien sûr par le regard des autres. Clément se demande si son père a honte de lui. Même s'il est un excellent saxophoniste, il a le sentiment que les études passent avant tout pour ses parents. Et puis il y a ses anciens copains, qu'il évite pour ne pas avoir à expliquer pourquoi il n'est pas dans le même collège qu'eux ("Il aurait dû dire tout cela mais il s'est enfui"). Il faut pourtant bien le reconnaître: Clément "se sent mieux à l'école" depuis qu'il est en SEGPA!

 

Mais le véritable déclic viendra de sa rencontre avec Emma la jeune Anglaise ("un rayon de soleil dans sa vie"): Clément réalise que ses difficultés scolaires n'empêchent pas qu'on s'intéresse à lui et qu'on l'apprécie. De plus, la nécessité qu'a Emma de traduire ce qu'elle veut dire lui demande un effort supplémentaire qui la met dans la même situation que lui. Pendant les séances d'inclusion (pour certains cours ou activités, les élèves de Segpa rejoignent d'autres classes), Clément se retrouve malgré lui confronté aux autres élèves et comprend que "c'est l'ignorance qui crée les clichés": si certains ont des idées reçues sur les Segpa, c'est parce qu'ils ne connaissent pas leur profil (dyslexie, trouble de l'attention, de la socialisation, etc.). Le rôle de la directrice est d'expliquer tout cela afin d'éviter la différenciation. Et s'il y a encore "des idiots qui jugent sans savoir", pas de temps à perdre avec eux!

Patricia Deschamps, mai 2023


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