Toi et moi à jamais

roman de Ann BRASHARES

Préserver le passé. Occulter le futur. Pour que rien ne change. Jamais.

Gallimard jeunesse, 2008, 336 p.
Gallimard jeunesse, 2008, 336 p.

Riley, Alice et Paul se connaissent depuis tout petits. Chaque été, Paul vient rejoindre les deux sœurs sur l'île où ils ont grandi. 

 

"Ce qu'il avait ici, sur cette île, avec elles, était ce qu'il avait de mieux, de plus stable dans la vie."

 

Ce jour-là, Alice attend Paul avec impatience sur le quai : voilà trois ans qu'il n'a pas remis les pieds sur Fire Island. La jeune femme a 21 ans, lui 24 : voilà longtemps qu'ils ont quitté l'enfance et il devient difficile d'entretenir les jeux qu'ils aimaient autrefois. L'amitié qui existait entre eux a évolué...

 

Alice est amoureuse, c'est certain. Mais Paul ? Il est si dur avec elle... Est-ce de l'indifférence ou de la peur ? La crainte de perdre ce qu'ils ont construit au fil des années...

"Plutôt passer sa vie à protéger la relation qu'il avait avec Alice,

comme un conservateur de musée, que de risquer de la perdre."

Mon avis :

Un roman sentimental empreint de nostalgie et de douleur.

Peu d'action dans ce livre qui n'est pas sans rappeler l'ambiance de L'été où je suis devenue jolie de Jenny Han. L'auteur s'attache surtout à développer la psychologie du trio, s'interrogeant sur l'enfance envolée et tous ces lieux et moments dont on peine à retrouver la magie : une balade nocturne sur la plage, une dune sous le clair de lune, un bain de minuit, une pêche aux crabes... Mais "on pouvait passer le reste de sa vie à tenter de retrouver un unique moment idéalisé qui n'avait peut-être même jamais existé"... L'atmosphère est mélancolique, presque pesante. Et ces sentiments cachés, étouffés, étouffants !

Puis la parole se délie et les héros prennent un nouveau départ. L'amour s'épanouit, et eux aussi. Mais le bonheur est de courte durée : un drame surgit et les non-dits resurgissent. On a un sentiment de gâchis parce que le malentendu est vraiment stupide et l'attitude des protagonistes plutôt infantile. A partir de ce moment du récit, Riley prend davantage de place dans le trio. Car il s'agit bien d'un trio à part entière, même s'il n'existe aucune ambiguïté dans les sentiments : tous les trois sont étroitement liés depuis toujours et leur équilibre de vie ne peut se faire sans l'un ou l'autre. Du coup Alice en oublie de vivre pour elle, se noyant dans la culpabilité, dans cette "pulsion d'autodestruction".

La toute fin laisse heureusement échapper une bouffée d'espoir : le chemin vers le monde adulte est rude, mais il se franchit. Cependant, le sentiment qui reste de cette lecture est un mélange de tristesse et de regrets, de souffrance et de renoncement.

Patricia Deschamps, juin 2016

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