Poil de Carotte

roman de Jules RENARD

Le Livre de poche, 1999, 125 p. (Libretti)
Le Livre de poche, 1999, 125 p. (Libretti)

Dans la campagne de la fin du XIXè siècle, François Lepic, surnommé Poil de Carotte à cause de ses cheveux roux et de ses tâches de rousseur, vit une enfance difficile.

 

Méprisé par sa mère, ignoré par son père et souffre-douleur de son grand frère Félix et de sa sœur Ernestine, il doit lutter quotidiennement contre les humiliations infligées par cet entourage familial hostile qui l’incite parfois à exercer sa cruauté sur plus faible que lui.

 

Mais Poil de Carotte saura trouver en lui la force et la volonté d’échapper à un destin peu reluisant.

L'avis de Fabien, bibliothécaire :

Poil de carotte, publié en 1894, est un roman autobiographique où Jules Renard (1864-1910) règle ses comptes avec son enfance et surtout sa propre mère. Il est devenu un des classiques de la littérature évoquant la maltraitance et le rejet durant l’enfance, au même titre qu’un Vipère au poing d’Hervé Bazin. L’histoire de « Poil de Carotte » est racontée sous forme de petites saynètes thématiques plus ou moins longues (et d’intérêt variable) et si le lecteur fait globalement preuve d’empathie pour le pauvre gamin, il est parfois plus difficile d’être vraiment touché par son sort quand il se met à torturer une taupe ou massacrer un chat avec un sadisme effrayant. Inutile de dire que ces chapitres, s’ils sont nécessaires et permettent de comprendre l’amertume et la colère qui habitent le cœur de l’enfant, sont pour le moins désagréables et pourront choquer voire inciter le lecteur à abandonner le roman ! Ce qui serait regrettable car le récit prend une autre dimension au fur et à mesure que l’enfant grandit et devient adolescent. La «tempête de feuilles» observée par un Poil de Carotte fasciné est notamment un très beau moment de poésie et la correspondance échangée entre l’enfant et son père est empreinte d’une drôlerie assez irrésistible. Jusqu’à ce chapitre intitulé « le mot de la fin », sorte de long dialogue entre le fils dédaigné et ce père accablé de reproches qui essaie tant bien que mal de se justifier. Selon moi le meilleur passage d’un classique pas toujours facile à lire (ni à aimer!) mais qui peut encore toucher le lecteur actuel.

Avril 2018

Et aussi...

Petit à petit, 2010, 30 p.
Petit à petit, 2010, 30 p.

Poil de Carotte, BD de Luc DUTHIL (scénario) et Céline RIFFARD (dessin)

 

Mon avis (★★★) : Dans cette adaptation, il y a un sacré contraste entre le dessin et le contenu ! Les couleurs, vives et chaudes, apportent beaucoup de luminosité et de gaieté. Mais les saynètes racontées sont cruelles : on y voit le petit Poil de Carotte ("Tiens, il s'appelle François ?") subir humiliations et maltraitances - sa mère va jusqu'à lui mordre l'oreille pendant la nuit pour l'empêcher de ronfler ! On ne voit pas les actes de violence mais les vignettes sont suffisamment expressives. Affamer son enfant, lui faire avaler le pipi fait au lit, le priver de cadeau à Noël... rien n'est trop méchant pour l'abjecte Mme Lepic. Les deux aînés se délectent de la situation tandis que le père, s'il déteste visiblement sa femme, n'intervient jamais ("Personne ne m'aime !"). Le pire, c'est que la violence maternelle se révèle contagieuse, puisque Poil de Carotte semble prendre plaisir à assommer les perdrix à plumer, jeter à ses camarades des boules de neige contenant un caillou et même "tuélcha"... Une histoire bien sordide donc...

Avril 2018

sur le même thème
sur le même thème

Retrouvez Takalirsa sur Facebook, Babelio, Instagram  Youtube, Twitter et Tik Tok