Nous sommes le 10 novembre 1918. Plus de quatre années que la guerre dure. Les Allemands sont tout près de signer leur capitulation.
L'armistice... Le mot court dans toutes les pensées. Seulement, les Boches ne le signeront pas si l'armée française ne franchit pas la Meuse... Conquérir la rive nord, c'est leur porter au moral le coup ultime !
Alors malgré l'épuisement physique et moral, les Poilus entreprennent de construire des ponts de fortune afin de franchir le fleuve. De l'autre côté, les Allemands continuent de résister en balançant leurs obus.
"Ça va aller", se répète le narrateur. "Ça va aller...". Il serait tellement rageant de mourir maintenant !
Mon avis :
Un petit récit qui condense tout le ressenti de la guerre.
Nous sommes dans la nuit du 10 au 11 novembre 1918, et le narrateur navigue entre espoir et scepticisme à la promesse d'un armistice imminent. Il se sent "à bout de fatigue, à bout de munitions", et le franchissement de la Meuse lui apparaît comme l'épreuve de trop : "On était près de voir la guerre finie et la voilà qui recommence". Rongé par la souffrance, il a aussi la hantise de mourir si près du but, si près de retrouver la paix.
Une fois l'armistice passé, on fait un bond dans le temps jusqu'au printemps 1919. L'auteur aborde alors les conséquences psychologiques de la guerre ("tout ça m'a changé"), qui sont développées dans un dossier en fin d'ouvrage. Mélange d'héroïsme et d'affliction, pensée douloureuse pour ceux qui ne sont pas revenus, sont qui ont la "gueule cassée" ou sont touchés par le syndrome de "l'obusite" (maux de tête, sommeil perturbé, troubles de la mémoire). La paix a exigé un lourd tribut et la victoire est amère...
De plus, les peuples européens, qui espéraient un nouveau départ, vont vite déchanter : les clauses du traité de Versailles vont affecter les relations internationales, attisant une volonté de revanche : non, la guerre de 1914-18 ne sera pas "la der des ders"...
Patricia Deschamps, octobre 2015