Mon frère, ma princesse

pièce de théâtre de Catherine ZAMBON

Nina : L'imagination, c'est comme la poésie. C'est un pays où tu fais tout ce que tu veux et où personne ne vient t'embêter.

Ecole des loisirs, 2012, 61 p. (théâtre)
Ecole des loisirs, 2012, 61 p. (théâtre)

Alyan est un petit garçon. Pourtant il préférerait être une princesse ou une fée, avoir des cheveux longs et des vêtements roses.

 

Sa mère s'inquiète, son père ne voit rien. A l'école, on se moque de lui, on l'insulte, on le frappe. Il essaie de s'échapper en faisant de la magie, mais ça ne marche pas toujours.

 

Seule sa sœur Nina est consciente de son chagrin. Elle est décidée à le défendre envers et contre tous. Jusqu'où ira-t-elle pour protéger son frère ?

 

(4e de couverture)

Mon avis :

Quand un petit garçon pose la question de l'identité à travers la naïveté de ses cinq ans.

Qu'est-ce qui fait une fille ("Je ne mets jamais de robe.") ? Qu'est-ce qui fait un garçon ("Les garçons ils prennent toute la place dans la cour de récré et quand on se fait taper dessus ils regardent en rigolant. - Je ne fais pas ça, moi.") ? Voilà une question plus délicate qu'il n'y paraît ! Et qui rend le petit Alyan bien malheureux... Entre un père indifférent, scotché à son écran d'ordinateur, qui ne "voit rien, ne veut pas voir, se comporte comme si tout ça était normal, comme si tout ça n'avait pas d'importance", une maman inquiète mais impuissante ("Tu fais tout à l'envers, mon fils"), et une mamie qui lui court après dès qu'il enfile une robe, le garçonnet a bien du mal à affronter ses désirs contrariés et surtout les insultes humiliantes de ses camarades d'école.

 

C'est le personnage de Ben, âgé de 13 ans comme Nina, qui incarne tous les préjugés, toutes les idées sexistes que l'on peut entendre concernant les enfants transgenre. "Ton petit frère est débile", "anormal", "ça va te contaminer"... Cette brute qui s'exprime avec ses poings ("Un garçon sans mots. Un pauvre type quoi."), culpabilise néanmoins sans oser l'avouer...

A l'inverse, Nina tient un discours moderne et résolument féministe ("C'est nul les princesses. Une princesse, elle attend un type qui viendra lui donner un baiser et après elle est enfermée toute sa vie elle fait des enfants elle lave le linge elle fait à manger elle passe son temps à se friser les cheveux à se mettre du rouge à lèvres à essayer d'être mince elle a l'air d'une grosse imbécile qui se croit jolie alors qu'elle est rien d'autre qu'une fille qui s'ennuie.") et rêve d'un monde idéal fait d'écoute et de tolérance.

 

C'est son amoureux Dilo qui tirera la sonnette d'alarme : "Nina n'est plus comme avant. Elle devient féroce. Elle est toute cassée." Car l'adolescente s'efforce à la fois de consoler son frère et de le défendre face aux autres, seule, en attendant qu'un adulte prenne le problème en considération. Au bout du compte chacun des protagonistes prendra ses responsabilités aux côtés du petit Alyan/Nayla (à l'envers), dans un bel élan de solidarité et d'ouverture d'esprit. Ainsi, "la nature, elle s'est trompée" effectivement le concernant, mais même si "ça choquera encore et encore", "il a le droit d'être comme il est" !

Patricia Deschamps, août 2018


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