Matilda

roman de Roald DAHL

Le seul pouvoir que Matilda pût exercer contre eux était celui de l'intelligence.

Matilda est une enfant surdouée. A un an et demi, elle savait déjà parfaitement parler. A trois ans, elle a appris toute seule à lire. Et depuis l'âge de quatre ans, elle lit couramment. Comme ses parents, qui ne font que regarder la télé, ne voient pas l'intérêt de la lecture, Matilda se rend à la bibliothèque où elle dévore les grands classiques de la littérature, ce qui lui vaut le mépris de son père qui la traite constamment d'idiote.

 

A cinq ans et demi, Matilda entre enfin à l'école. Elle impressionne sa maîtresse Mlle Candy avec ses incroyables capacités. Mais Mlle Legourdin, la terrible directrice, a rencontré le père de Matilda qui l'a persuadée du caractère effronté de la fillette. Elle nie ses facultés exceptionnelles et refuse de lui faire sauter des classes. Malgré tout Mlle Candy est bien déterminée à aider Matilda.

 

Mon avis :

C'est dans le cadre d'une liaison CM2/6e que j'ai eu l'occasion de découvrir ce classique de la littérature jeunesse. C'est une histoire à la fois triste et drôle, autour d'une fillette hors du commun.

Il y a des personnages hauts en couleur dans ce roman, à commencer par les parents de Matilda. Férus de télévision, sans aucune culture ni même de curiosité intellectuelle, ils ne comprennent pas l'engouement de leur fille pour la lecture ("On a une belle télé avec un écran de 56, et toi tu réclames des bouquins !"). La mère est une "créature adipeuse" qui ne jure que par le loto, le père, un escroc qui se vante de toutes les arnaques automobiles dont il tire d'honteux bénéfices. Ses costumes bariolés sont ridicules et ses propos sexistes insupportables ("C'est pas avec sa cervelle qu'une fille va dégoter un homme."). Bref c'est un homme borné, un crétin ignoble qui rejette sa fille parce qu'en réalité son intelligence, qui le renvoie à ses propres limites, l'humilie. Dans les scènes récurrentes où il la traite d'idiote, le personnage oscille entre le ridicule et l'abject.

 

Alors quand l'institutrice rend visite aux Verdebois, c'est le choc des cultures ! "Vous avez choisi les livres, j'ai choisi de bien vivre", lui lance la grotesque mère. La charmante Mlle Candy comprend vite que ces gens sont impossibles à raisonner. Elle est bien placée pour connaître ce genre d'attitude : la directrice de l'école est une sorte d'ogresse traumatisant les enfants. J'ai trouvé que les chapitres relatant tous les mauvais traitements que Mlle Legourdin leur fait subir sont un peu longs. Là encore, on est dans la caricature, avec des réactions pas du tout crédibles (elle balance le petit Jules par la fenêtre, fait tournoyer Amanda par les tresses...). Tout est fait pour qu'on identifie bien le camp des gentils et celui des méchants ("Elle est folle à lier").

 

Et au milieu il y a Matilda, qui "a l'air d'une petite fille mais avec l'esprit et la faculté de raisonnement d'un adulte". C'est une enfant précoce mais qui n'a pas véritablement conscience de ses capacités hors norme ("Je suis un phénomène, moi?"), et donc qui ne s'en vante pas. Au contraire, elle va, plus ou moins malgré elle, les mettre au service de la douce Mlle Candy (là encore, les patronymes sont choisis pour identifier d'emblée les caractères) dont elle découvre la triste situation. Car la colère et le sentiment d'injustice vont déclencher en elle un étrange pouvoir... qui permettra de rétablir l'équité et d'offrir une fin heureuse à ceux qui le méritent. Une histoire aux allures de conte !

Patricia Deschamps, juin 2018

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