Little sister

roman de Benoît SEVERAC

Ne doit-on pas aimer sans juger, envers et contre tout ? N'est-ce pas cela, une famille ?

Syros, 2016, 200 p.
Syros, 2016, 200 p.

Depuis que son frère est devenu un djihadiste de Daech, la vie de Léna a été bouleversée. Impliqué dans le meurtre d'un journaliste français en Syrie, la photo d'Ivan est passée aux infos, alors Léna et ses parents ont dû déménager et changer de nom. Depuis, à la maison, l'ambiance est morose.

 

Et voilà qu'un jour Léna apprend, par une lettre de Théo, le meilleur ami d'Ivan, que son frère souhaite la revoir. Celui-ci lui a donné rendez-vous "à notre cabane".

 

Théo est d'accord pour accompagner Léna. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que la fameuse cabane se trouve en Espagne, tout près de chez la tante et l'oncle de Léna... 

Et surtout, pourquoi Ivan cherche-t-il à joindre sa sœur ?

Mon avis :

Un roman choral que l'on parcourt sans véritablement adhérer à l'histoire ni aux personnages.

Dans la première moitié, la parole est donnée à Léna qui explique son incompréhension face à ce frère terroriste qui est "devenu musulman et s'est radicalisé sans que personne ne s'en aperçoive" et surtout qui n'a jamais fourni aucune explication. Dans la famille, "tout le monde se sentait un peu responsable", partageant aussi la honte de "ce fou de Dieu qui a grandi dans une famille de républicains espagnols". "Ivan a brisé quelque chose et je ne sais pas jusqu'où vont les dégâts"... Cependant les sentiments sont évoqués de manière un peu superficielle et l'héroïne manque un peu de consistance.

C'est avec l'arrivée de la jeune fille (et de Théo) en Espagne que le récit devient plus intéressant. On se rapproche de la rencontre et cela crée un petit suspense : Ivan a-t-il oui ou non été manipulé ? Par ailleurs, l'ébauche de relation sentimentale entre Léna et Théo vient alléger un peu le roman, même si elle semble presque inconvenante au milieu d'un sujet aussi grave.

A mi-parcours, c'est Théo qui prend la parole puis Joan, l'Espagnol qui les a pris en stop. Celui-ci a autrefois combattu le franquisme au sein d'une organisation anarcho-syndicaliste et se sent investi dans cette nouvelle lutte. Pas sûr cependant que le parallèle soit judicieux : le lecteur risque de ne pas avoir les références nécessaires à la compréhension de cette période de l'histoire de l'Espagne. Cette dernière partie m'a semblé longue, l'action attendue retombant comme un soufflet et la fin étant un peu expédiée.

Au bout du compte ce roman m'aura laissé l'impression de surfer sur un thème d'actualité sans apporter de véritable éclairage, d'avoir été écrit un peu vite sans soin particulier. L'ensemble n'est pas désagréable à lire mais pas convaincant non plus...

Patricia Deschamps, décembre 2016


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