Les croques

BD de Léa MAZE

1. Tuer le temps

- C’est pas juste... Y’a rien à faire ici, tout est triste, et dès qu’on s’amuse on se fait engueuler…

Editions de la Gouttière, 2018, 69 p.
Editions de la Gouttière, 2018, 69 p.

 

Les parents de Céline et Colin tiennent une entreprise de pompes funèbres. Une profession bien lourde à porter pour les jumeaux, raillés en permanence par leurs camarades qui les surnomment Croque-mort et Croquemitaine. Isolés, les deux jeunes collégiens ne voient que peu leurs parents, très occupés, et commencent à cumuler les bêtises… jusqu’à être renvoyés de leur établissement scolaire pendant deux jours ! Les enfants se réfugient alors auprès de Poussin, le graveur funéraire qui aime les écouter et alimenter leur imagination…

(4e de couverture)

Mon avis :

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J'ai tout de suite accroché au graphisme qui se concentre sur deux couleurs opposées mais complémentaires : l'orange et le bleu. J'ai aussi apprécié la façon dont l'auteur gère les blancs et les vides, les contrastes et les ombres, pour exprimer une émotion (p.16, p.24). Et elles sont intenses avec ces jumeaux chenapans ! Au collège, il n'est question que de harcèlement, d'ennui et de punition. A la maison, leur énergie débordante, enfin libérée, en font des casse-pieds pour leurs parents obnubilés par leur métier. Et quand on reçoit des clients pour un enterrement, un calme respectueux est de mise... Les deux enfants, livrés à eux-mêmes, solitaires, brimés, suscitent la pitié : personne ne prend jamais vraiment le temps de s'occuper d'eux, de les comprendre. Même Poussin le graveur de tombes finit par les envoyer balader.

 

Colin et Céline compensent leur désœuvrement par une imagination débordante. La proximité du cimetière a développé chez eux un attrait pour les histoires de zombies et de vampires. Et voilà que Poussin attire leur attention sur un phénomène étrange : des V marquant certaines pierres tombales... Dès lors, les jumeaux plongent dans le mystère avec l'enthousiasme qui leur est propre : quel secret recèle la chapelle de la famille Harot ? L'album se termine en plein suspense !

 

Patricia Deschamps, février 2019


2. Oiseaux de malheur

Ed. de la Gouttière, 2019, 69 p.
Ed. de la Gouttière, 2019, 69 p.

 

Céline et Colin se retrouvent de plus en plus isolés. Suite à leur macabre découverte maquillée en blague, leurs parents ne leur font plus confiance, et face à l’absence de Poussin, les soupçons se portent sur lui… Les jumeaux se lancent alors à corps perdu dans l’enquête.

 

(4e de couverture)

Mon avis :

J'ai trouvé qu'il y avait dans ce tome 2 une réelle mise en scène de l'histoire, avec beaucoup de recherche au niveau du cadrage (gros plan sur un objet suspect, un regard inquiet, des pieds qui courent), du point de vue (personnages en plongée comme si quelqu'un les observait) et du découpage des vignettes (notamment lors de la poursuite de la camionnette, ce qui traduit bien l'idée de vitesse). Cela met de la tension et du suspense dans une enquête qui, par ailleurs, entre dans un scénario plus convenu que ce que laissait supposer l'excellent tome 1. Les jumeaux sont plus obstinés que jamais à éclaircir le mystère du cimetière, quitte à s'isoler de leurs parents qui ne croient pas un mot de leurs explications (la scène de crime a été maquillée par le coupable entre temps...). La scène où Céline et Colin comprennent que leurs parents sont désabusés par leur attitude est très touchante. Dommage que le visage des jumeaux soit dessiné à la serpe, j'ai souvent confondu fille et garçon tant les traits sont anguleux.

A la fin de l'album, et malgré une enquête de terrain mouvementée, leur belle théorie s'effondre, ce qui relance l'intérêt, d'autant plus que l'ultime vignette est bien intrigante! Suite et fin avec le tome 3 à paraître.

Patricia Deschamps, mars 2020

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