Le médecin volant

pièce de théâtre de Jean-Baptiste Poquelin, dit MOLIÈRE (1622-1673)

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Comédien, directeur d'une troupe de théâtre et metteur en scène, Molière vivait sous le règne de Louis XIV et était contemporain du conteur Charles Perrault, du fabuliste Jean de la Fontaine ainsi que des auteurs de tragédie Pierre Corneille et Jean Racine.

En 1673, à la quatrième représentation du Malade imaginaire, Molière est pris d'un malaise et doit quitter la scène. Gravement malade, il meurt quelques heures plus tard. Les médecins s'étaient montrés impuissants à le soigner et le dramaturge avait choisi de les critiquer une dernière fois avant de partir.

 

Mais cette dernière pièce, loin d'être révolutionnaire, puise dans une veine ancienne : Molière avait déjà épinglé cette profession à plusieurs reprises. En effet, en 1659, bien avant Le Médecin malgré lui (1666), le jeune comédien monte Le Médecin volant, dans la tradition de la farce et de la commedia dell'arte. Molière compose une pièce qui annonce ses prochaines comédies : des jeunes gens qui s'aiment, un père égoïste et avare qui refuse leur mariage, un valet débrouillard qui ne manque pas d'imagination, des jeux de scène et une touche de satire...


Source : Le Médecin volant, BiblioCollège

Farce en prose de publication posthume  imprimée pour la première fois en 1819

Hachette, 2010, 144 p. (BiblioCollège)
Hachette, 2010, 144 p. (BiblioCollège)

 

Valère et Lucile sont amoureux mais Gorgibus, le père de la jeune fille, a prévu de la marier au vieux Villebrequin...

 

Effondré, Valère vient demander conseil à Sabine, la cousine de Lucile. Celle-ci lui annonce que la future mariée joue les malades pour retarder son union avec Villebrinquer. Gorgibus a envoyé Sabine chercher un médecin, mais il en faudrait un qui soit leur complice ! Il pourrait conseiller à Lucile d'aller prendre l'air à la campagne, loin de son père donc, ce qui laisserait le champ libre à Valère pour la retrouver !

 

Le jeune homme ne voit pas à qui faire appel... Mais Sabine a une idée : il suffit de déguiser Sganarelle, le valet de Valère !

Mon avis :

Je ne suis pas fan de théâtre mais il faut bien reconnaître que cette courte pièce (un seul acte) en prose n'est pas désagréable à lire. Toute l'intrigue tourne autour du personnage de Sganarelle qui, déguisé en médecin, tourne en ridicule la profession ainsi que le naïf Gorgibus qui se laisse manipuler bêtement. Dans la scène IV, le faux médecin donne à Lucille une consultation des plus fantaisistes, dans laquelle il déblatère un charabia mêlant des expressions arabes, italiennes et latines pour mieux impressionner le vieux barbon. Il va même jusqu'à boire l'urine de la jeune fille pour mieux "discerner la cause et les suites de la maladie" ..! Et au père qui a "grand'peur qu'elle ne meure", il rétorque une phrase qui en dit long sur le pouvoir que s'octroie les (vrais) médecins : "Il ne faut pas qu'elle s'amuse à se laisser mourir sans l'ordonnance du médecin" ! La scène avec l'avocat est également très ironique, celui-ci déclamant des citations latines pédantes à tout bout de champ.

 

L'autre moment phare de la pièce est le passage dans lequel Sganarelle alterne à toute vitesse son rôle de valet et celui du médecin devant un Gorgibus persuadé qu'ils sont deux. Cette mise en scène acrobatique où l'acteur passe de l'extérieur à l'intérieur en sautant par la fenêtre doit être très drôle à voir ! Car là est bien l'intérêt du théâtre à mon sens : être vu, et non pas lu...

 

Le dossier qui clôt les deux pièces (il y a aussi L'Amour médecin dans ce recueil) est particulièrement riche et développé. On y revient sur les sources d'inspiration de Molière : la comédie antique avec ses personnages types, la farce médiévale pour les acrobaties et le comique grossier, et la commedia dell'arte pour le côté improvisation (quelques "etc." ponctuent le texte de la pièce, encourageant les acteurs à improviser selon leur inspiration et les réactions du public). On sent cependant que Le Médecin volant est une oeuvre de jeunesse (c'est une de ses premières créations à son arrivée à Paris en 1659), elle n'est pas aussi aboutie, tant sur la forme que dans la satire, que d'autres pièces plus tardives sur le même sujet comme Le Médecin malgré lui (1666) ou encore Le Malade imaginaire (1673).

 

Patricia Deschamps, décembre 2014

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