Le garçon qui courait

roman de François-Guillaume LORRAIN

- Prix NRP 2017 -

Un homme en bonne forme physique est un homme doté d'un moral de vainqueur.

Sarbacane, 2017, 224 p. (Exprim')
Sarbacane, 2017, 224 p. (Exprim')

Août 1936 : un jeune athlète vient de remporter le marathon aux J.O. de Berlin ; et pourtant, il semble bien triste sur le podium. Il cache son maillot japonais. Car Kiteï Son, alias Kee-Chung, vient de Corée, pays annexé par le Japon, et il a dû courir sous les couleurs de l'ennemi.

 

D'où vient-il ? Quelle a été son enfance, dans une petite ville près de la frontière chinoise ? Comment est-il devenu le coureur le plus endurant du monde ? Quelles épreuves a-t-il traversées et quel sera son sort lorsqu'il devra rentrer dans une Corée sous le joug qui voudrait le fêter en libérateur ?

 

Texte : service de presse

Mon avis :

Marathon de Berlin, 1936 : extrait du film d'époque
Marathon de Berlin, 1936 : extrait du film d'époque

Le parcours de Sohn Kee-Chung est incroyable... et pourtant vrai ! Si la situation politique de son pays est à l'origine de son combat (et de ses conséquences...), c'est aussi elle qui a révélé ses talents de coureur et sa ténacité.

Tout commence lors d'un acte de rébellion de son frère aîné Hyo-dong ("Depuis qu'il courait, le petit garçon ne craignait plus d'exprimer son point de vue, sachant désormais qu'il pourrait toujours se sauver" !..). A la découverte de la course succède une période d'entraînement au cours de laquelle Kee-Chung apprend à apprivoiser cette discipline avec l'aide de son professeur, Lee Sun-il, doté d'une expérience et d'une sagesse indéniables, et qui lui transmet la persévérance jusqu'à ce que courir lui devienne naturel et qu'il acquiert "une résistance exceptionnelle". Dans l'ombre, la discrète mais fidèle Hee-won, son amie d'enfance qui deviendra sa compagne de vie - "la première à croire en lui".

JO de Seoul, 1988 : choisi pour allumer la flamme olympique!
JO de Seoul, 1988 : choisi pour allumer la flamme olympique!

Mais si Kee-Chung est si motivé, c'est parce que les Japonais exercent une véritable pression sur sa famille comme sur l'ensemble du peuple coréen qu'ils cherchent à asservir. En cette "époque troublée" faite de misère et d'angoisse, "le Japon s'employait à faire d'eux des esclaves"... Mais de par son statut de marathonien, le jeune homme "n'était plus un Coréen comme les autres" et le voilà représentant du Japon aux JO de Berlin de 1936 (aux couleurs nazies). Officiellement, car dans son cœur, Kee-Chung se veut le porte-parole de "la Corée humiliée" afin de "faire savoir au monde quel sort subit notre pays". S'il ne parviendra pas à transmettre de message ce jour-là - autre que sa magnifique victoire, arrachée de haute lutte, preuve de la supériorité de son pays - il s'évertuera les années suivantes à en rétablir l'honneur. Malgré lui le "pantin" de ces "salauds de Japonais" qui utilisent son image de héros pour leur propagande, il ne tarde pas à mettre son talent au service des rebelles ("Vive la Corée libre !"), devenant "un rouage important du réseau".

 

Plus tard, devenu entraîneur afin de trouver "le successeur qui puisse gagner sous les couleurs de notre pays", c'est avec fierté qu'il brandit le nouveau drapeau coréen aux JO de Londres (1948), avec honneur qu'il effectue (à 76 ans !) le dernier tour de piste avant d'embraser la vasque à la cérémonie d'ouverture de Seoul 1988, et avec ferveur qu'il encourage son poulain aux JO de Barcelone en 1992 ("Souviens-toi des souffrances de ton pays !") pour une victoire historique. Mais si le palmarès est impressionnant, c'est surtout son émouvant message "de courage, de solidarité et d'espoir" que l'on retiendra ainsi que ce formidable enseignement : "A quoi correspond la distance d'un marathon ? Rien qu'une question d'obstination. Comme la vie."

Patricia Deschamps, juin 2017

L'avis de Michaël, 15 ans :


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