La modiste de la reine : le roman de Rose Bertin

roman de Catherine GUENNEC

Sans travail, un don c'est rien ou pas grand-chose.

JC Lattès, 2004, 330 p.
JC Lattès, 2004, 330 p.

Jeune couturière pauvre, Marie-Jeanne quitte Abbeville et sa Picardie natale pour venir travailler à Paris. Elle vole vite de ses propres ailes, devient Rose Bertin et ouvre son magasin : Le Grand Mogol.

 

Le règne de Louis XV touche à sa fin. Bientôt, elle prend le chemin de Versailles et sa vie s'éclaire d'une rencontre inattendue, une flamboyante et royale amitié. En Rose Bertin Marie-Antoinette a trouvé son ministre des modes. Coiffure à la Belle Poule, pouf aux sentiments, chapeau feu d'opéra, bonnet à la chercheuse d'esprit ou en sorcière, quès aco... Les créations de la divine Bertin explosent de diversité, d'invention. Et Paris devient la capitale du bon goût. 

 

(4e de couverture)

Mon avis :

Au crépuscule de sa vie, Rose Bertin raconte son parcours entre nostalgie et fierté.

C'est un destin hors du commun qu'aura connu la petite couturière picarde devenue modiste de la reine Marie-Antoinette grâce à son talent et son tempérament. Ensemble elles "font et défont les modes" et il est impressionnant de suivre la multitude de tenues et d'accessoires créés au fil des années (notamment les fameux "poufs" aussi extravagants qu'encombrants), Rose inventant avec intuition selon les humeurs et les attentes de la souveraine. Aussitôt toutes les courtisanes copiaient celle-ci, y compris au-delà des frontières ("J'ai travaillé pour toutes les cours d'Europe"), et le succès lui fit faire fortune.

 

Cependant ce qui est véritablement intéressant dans ce roman, c'est la complicité qui s'instaure entre les deux femmes ("Tout de suite, il y a eu une harmonie entre nous"). Rose et Marie-Antoinette se trouvent des points communs, un "caractère insoumis, rebelle", une spontanéité et une intégrité faisant fi de l’Étiquette. Des amours malheureuses aussi, et un besoin d'enfant qui tarde à venir. Dans ce "monde glauque", ce "nid de prétentions" qu'est la Cour de Versailles, "nos entrevues étaient comme des petites plages de bonheur. C'était du temps volé, un refuge". Malgré la médisance des "langues fourchues", les deux femmes "ont fait la révolution à notre manière et au palais".

 

Ainsi la modiste déroule tous les petits et grands événements de sa vie professionnelle et personnelle depuis sa maison du Bord de l'Eau à Epinay où elle a commencé à se réfugier en famille au début des "troubles" qui les ont conduites la reine et elle à un douloureux et inexorable déclin. Leurs destins étaient liés et la chute de l'une a fini par entraîner la faillite de l'autre. Pour autant il n'y a rien à regretter, et c'est paisiblement que Rose s'éteindra, la mémoire et le cœur encore remplis de ces moments de bonheur.

Patricia Deschamps, juin 2019

voir aussi "Rose Bertin" de Sophie Guillou
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