La guerre des Lulus

de Régis HAUTIERE (scénariste) et HARDOC (illustrateur)

1 - 1914 : La maison des enfants trouvés

Casterman, 2013, 56 p.
Casterman, 2013, 56 p.

Valencourt, petit village de Picardie, août 1914.


Ludwig, Lucas, Luigi et Lucien - les quatre Lulus - partagent la même chambre à l'orphelinat qui occupe l'abbaye.

Alors qu'ils se sont échappés pour aller construire une cabane dans la forêt, des coups de canon retentissent : c'est l'armée allemande qui se rapproche ! Et lorsque les Lulus rentrent à l'orphelinat, ils découvrent une abbaye déserte : le village entier a été évacué...


Comment les quatre garçons vont-ils faire pour survivre seuls ? Comment échapper aux patrouilles allemandes qui envahissent la région ? Qui sait combien de temps va durer le conflit ?

Mon avis :

Les personnages sont moches et la mise en page ultra classique mais le scénario rythmé et prenant.

On apprend tout d'abord que ce qui deviendra la Grande Guerre a longtemps été minimisé dans l'esprit des Français. Tout le monde est persuadé que la puissance de l'armée française viendra rapidement à bout des Allemands... L'abbé n'a d'ailleurs pas pris la peine d'informer les enfants de la situation et l'instituteur de l'orphelinat, appelé au combat, est officiellement "parti quelques semaines dans sa famille" ! Pour l'abbé, nul doute qu'il sera de retour pour la rentrée de septembre !.. Alors lorsque les obus fusent, c'est l'incompréhension et la panique. "C'est l'apocalispe !" hurle le petit Lucas.

Et comme de fait, en quelques vignettes, l'on passe de la sérénité aux décombres... L'intrigue prend un nouvel essor avec l'apparition d'un nouveau personnage, de même que la fin du tome relance l'action.

Cet album est un excellent moyen d'aborder la Première Guerre mondiale avec les plus jeunes !

Patricia Deschamps, septembre 2014

 

2 - 1915 : Hans

Nous formions une famille. Une drôle de famille, j'en conviens, mais une famille quand même, unie par une affection profonde et réciproque.

Casterman, 2014, 56 p.
Casterman, 2014, 56 p.

Les Lulus, qui sont désormais cinq avec Luce la seule fille du groupe, ont trouvé refuge dans une cabane au cœur de la forêt. Ils sont accompagnés d'un soldat allemand qu'ils ont fait prisonnier, Hans.


Peu à peu, les Lulus se rendent compte que l'Allemand ne leur veut pas de mal : celui-ci est en fait un déserteur qui a fui les atrocités des champs de bataille, et il n'a aucun intérêt à les dénoncer.


Avec Hans, il est plus facile pour les Lulus de survivre, mais leur quotidien reste néanmoins semé d'embûches : il faut trouver à se nourrir, lutter contre le froid et la maladie, sans oublier les soldats qui rôdent...

Mon avis :

J'ai trouvé ce deuxième tome plus monotone que le premier : il ne s'y passe pas grand chose, même si l'amitié grandissante entre Hans et les enfants fait plaisir à voir. Seules les dernières pages relancent l'action, avec le crash d'un aviateur français qui vient bousculer le petit quotidien routinier du groupe.

 

Patricia Deschamps, février 2015

 

3 - 1916 : Le tas de briques

Vous aurez beau courir aussi vite et aussi loin que vous pouvez, vous n'échapperez pas à la guerre.

Casterman, 2015, 64 p.
Casterman, 2015, 64 p.

Depuis la mort de Hans le déserteur allemand, les Lulus errent dans la forêt en tâchant d'éviter les soldats ennemis.


Ils tombent sur la cabane d'un vieux sabotier bourru, Gaston. L'homme leur sert un repas mais ne peut les héberger : il ne veut pas d'ennuis.


Gaston leur conseille de fuir les bois où les Boches rôdent : ils pourraient faire de Luigi et Lucien, les deux plus grands, des "brassards rouges" enrôlés dans leurs bataillons de travaux forcés ! Il leur recommande plutôt de gagner la ville de Guise pour trouver un peu d'aide et pourquoi pas, dénicher un logement abandonné...

Mon avis :

En savoir plus sur le familistère de Godin à Guise
En savoir plus sur le familistère de Godin à Guise

Cet album est sans conteste celui que j'ai préféré sur les trois ! Autant le tome 2 était lent, autant celui-ci est bourré d'action et de suspense ! On suit avec beaucoup d'angoisse le périple des Lulus qui cherchent autant à survivre (la nourriture devient rare) qu'à échapper aux soldats allemands. L'aventure regorge de rebondissements et on tremble pour eux à chaque épisode ! Sympa également l'idée du "familistère", l'ancien logement social créé par un industriel à côté de son usine - un bâtiment authentique ! Et puis les auteurs nous font cadeau d'une double planche, "Du story-board à la page encrée", qui nous donne un aperçu des différentes étapes de leur travail, j'aime beaucoup ! Par contre j'espère que le tome 4 est prévu pour bientôt, parce que le final nous laisse en plein suspens !

 

Patricia Deschamps, octobre 2015

 

4 - 1917 : La déchirure

Bah... Ça se peut pas une guerre qui dure toujours. Y'a forcément un moment où les gens se rendent compte que ça sert à rien.

Casterman, 2016, 64 p.
Casterman, 2016, 64 p.

Après leur départ du familistère, les Lulus ont cru prendre un train pour la Suisse... et se sont retrouvés en Allemagne ! Aussitôt, ils en ont repris un, sans connaître sa destination... et les voilà en Belgique !

 

Qu'elle n'est pas leur surprise en voyant un agriculteur travailler dans son champ avec... un éléphant ! Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls à être intrigués : un photographe ambulant, Sylvestre Criquelion, a entrepris de conserver un souvenir de l'animal. L'occasion pour tout ce petit monde d'organiser une fête bienfaitrice avec les habitants du hameau !

 

Mais c'est déjà l'heure de repartir... Car Luce, qui est originaire du pays, espère bien atteindre son village natal où vivent toujours ses grands-parents...

Mon avis :

Petite déception pour ce quatrième épisode... Toute la première partie de l'album est dépourvue d'intrigue, et la suite a tendance à reproduire un scénario déjà vu : les Lulus s'enfuient, font des rencontres (parfois mauvaises), sont poursuivis par les Boches, etc. Ainsi, guère innovant, le récit captive peu, même si l'épisode avec le photographe est sympathique et les retrouvailles de Luce avec sa grand-mère touchantes. Le graphisme est très monochrome, le brun dominant les planches. Les auteurs nous ont habitués à mieux !

Patricia Deschamps, octobre 2016

5 - 1918 : Le Der des ders

- Des fois, on s'est disputés fort tous les deux... Mais je voulais te dire... T'as été mon premier vrai copain...

- Eh ben je serai aussi le dernier ! T'entends, je serai le der des ders ! Je serai ton copain jusqu'à la mort !

Casterman, 2017, 56 p.
Casterman, 2017, 56 p.

 

1918. Alors que la Première Guerre mondiale fait rage, les Lulus tentent de survivre en zone occupée. Enrôlés malgré eux par une société secrète, les quatre orphelins sont contraints de se séparer.

 

Cette séparation, la toute première depuis qu'ils se connaissent, pourrait être beaucoup plus longue qu'ils ne l'imaginent...

 

(4e de couverture)

Mon avis :

Je trouve que la série est un peu en perte de vitesse depuis deux tomes, elle ne me captive plus autant qu'au début. On retombe dans une vision plus commune de la guerre, avec les missions d'espionnage, l'immersion dans les tranchées et les tentatives pour fuir la zone occupée. J'ai cependant apprécié les belles vignettes de paysages, notamment dans la scène d'ouverture, mais aussi dans la forêt avec le repère des "Gentils Hommes" puis le "palais" réquisitionné par les Allemands. La cabane est comme un leitmotiv tout au long de l'album : celle que Lucas et Ludwig construisent après le départ de leurs camarades ("On n'est jamais trop vieux pour faire une cabane !") fait écho à celle qu'ils bâtissaient avant la guerre et à celle que, des années plus tard, "Pépé Lulu" réalise avec ses arrière-petits-enfants.

Si le prochain volume, La perspective Luigi, dans lequel l'un des quatre héros revient sur son séjour en Allemagne en 1916-1917, me semble la surexploitation d'une intrigue déjà exsangue, il me plairait de découvrir ce qu'il est advenu des Lulus après la guerre (c'est apparemment prévu).

Patricia Deschamps, mars 2018

 

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6. Lucien

Casterman, 2019, 56 p.
Casterman, 2019, 56 p.

 

Novembre 1918. La guerre est terminée mais le combat des Lulus pour leur propre survie continue. Hospitalisé à Troyes, Lucien se souvient de son arrivée à l’orphelinat de Valencourt et de sa rencontre avec ceux qui allaient devenir ses meilleurs amis. À cette époque, la Grande Guerre n’avait pas encore ravagé l’Europe et les moments de joie et d’insouciance étaient fréquents. Pourtant, la douleur, le danger et les vexations faisaient déjà partie du quotidien des Lulus...

 

(4e de couverture)

Mon avis :

Très bonne idée que ce second cycle sur l'après-guerre, trop peu souvent évoquée. Lucien, hospitalisé, mutilé, doit accepter la perte de sa jambe et faire avec sa nouvelle situation. Pendant cette convalescence, l'infirmière lui fait raconter ses souvenirs d'orphelinat et sa rencontre avec les Lulus. On suppose que dans un premier temps, c'est pour l'aider à rester positif, mais peu à peu des sentiments naissent entre les deux jeunes gens.

 

Ainsi on navigue entre présent et passé, avec ses jours "heureux" à la maison des enfants trouvés. Lucien raconte l'incendie qui a coûté la vie à toute sa famille, la création de "la bande des Lulus", les menaces et les provocations d'Octave et sa bande des "plus grands". Le dessin est lumineux, aux couleurs de l'enfance, et j'ai adoré les scènes en forêt.

 

Mais Lucien se montre aussi nostalgique, se demandant ce que ses copains sont devenus et s'il les reverra un jour... Guère de suspens cependant, puisque la fin du volume amorce le tome 7 consacré à Luigi.

Patricia Deschamps, septembre 2020

7. Luigi

Casterman, 2021, 56 p.
Casterman, 2021, 56 p.

 

 

Janvier 1919. Les combats ont cessé mais la paix n'est toujours pas signée et les traces de la guerre sont encore bien présentes. Lucien et Luigi voyagent à travers ses paysages dévastés. Ils cheminent vers Valencourt, là où tout a commencé, espérant y retrouver Lucas et Ludwig.

 

(4e de couverture)

Mon avis :

C'est vraiment une bonne idée d'avoir prolongé la série après la guerre. On y voit les conséquences de celle-ci: les gens séparés (comme les Lulus qui essaient de se retrouver mais s'enquièrent aussi de l'abbé et de leur instituteur), les villages détruits, les terrains minés par les obus menaçant à tout moment de "nous péter à la gueule". Tout le monde s'organise pour reconstruire avec les moyens du bord, valorisant l'entraide. L'intrigue principale (la recherche de Lucas et Ludwig) est enrichie de plusieurs événements secondaires notamment autour de la légende du trésor et du personnage de Franz, le soldat allemand. On quitte nos héros tandis qu'ils reprennent leur chemin, qui croisera peut-être celui de Luce comme l'annonce le titre du tome 8!

Patricia Deschamps, mai 2021

8. Luce

Casterman, 2022, 64 p.
Casterman, 2022, 64 p.

1919. Dans une Belgique qui se reconstruit, Luce redécouvre son village, sa famille et ses amis. La guerre, l'éloignement et le temps qui passe ont changé beaucoup de choses. Elle fait connaissance avec son tout jeune frère et renoue avec sa meilleure amie, Clarisse, mais elle réalise peu à peu qu'elles sont devenues très différentes. Lucien, Luigi et Franz ont voyagé pour la rejoindre. Leurs retrouvailles sont un grand moment de joie mais elles révèlent aussi les blessures de chacun.

 

(4e de couverture)

Mon avis : 

C'est toujours un plaisir de retrouver les Lulus. Le graphisme est soigné et le scénario rend bien l'ambiance d'après-guerre entre soulagement de reprendre une vie normale (on va au bal, on prend un café en terrasse) et désolation d'un monde à reconstruire (bâtiments en ruines, proches blessés ou perdus).

Après avoir retrouvé sa famille et sa copine Clarisse, Luce fête ses retrouvailles avec Lucien et Luigi. Tous n'ont qu'un seul but: retrouver Lucas et Ludwig. Pour cela, une seule piste: un certain Léandre qui les a trahis au moment de passer la frontière des Pays-Bas. A la manière forte des garçons pour l'obliger à parler, Luce va opposer la ruse avec la complicité de Franz leur ami allemand. On voit bien là deux tendances qui se dessinent: ceux qui veulent se venger, et ceux qui considèrent que la guerre a fait suffisamment de dégâts comme ça.

Une fois les renseignements obtenus, c'est un nouveau long voyage qu'entreprennent les trois Lulus afin de reconstituer ce qu'ils considèrent comme "leur deuxième famille".

Patricia Deschamps, novembre 2023

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