L.O.L.A.

C'est parce que mon collègue d'ULIS (Unité localisée pour l'inclusion scolaire) cherchait une lecture accessible pour ses élèves que j'ai ressorti ce court roman qui se lit comme une enquête tout en abordant la question des familles recomposées.

Lola en a "assez de jouer les baby-sitters" avec Jérôme, le fils de son beau-père Michel. Elle ne se sent aucun lien avec le petit garçon qu'elle juge par ailleurs capricieux. Elle est même un peu jalouse de l'attention de sa mère qu'il accapare.

On se rend compte peu à peu que ce qui est raconté dans les lettres anonymes qu'elle reçoit fait écho à cette situation. Le mystérieux épistolier y raconte sa relation tendue avec sa cousine Galla, orpheline, que ses parents ont autrefois adoptée ("Toute ma vie, Galla, je te traiterai comme une étrangère"). Les passages où il s'adresse à elle peuvent être ambigus pour certains élèves: le "tu" s'adresse à la fameuse Galla, pas à l'héroïne.

Si l'auteur des lettres s'est décidé à agir, c'est parce que "Je vais mourir. Je le sais. Je le sens. Avant la fin de l'année". Rongé par le remords, il a décidé d'écrire ces lettres bleues "pleines de souffrance, de doutes et de regrets", espérant que Galla lui a pardonné ("Je voudrais tant qu'elle sache que j'ai changé").

Mais qui est cet inconnu? Lola et son meilleur ami Medhi explorent le moindre indice, suivant et interrogeant (plus ou moins discrètement) les hommes "dans la cinquantaine" de leur entourage, ce qui crée un certain suspense.

J'ai aimé l'histoire du manège, qui a un petit côté poétique. Mais le tournant de l'histoire, c'est lorsque disparaît le petit Jérôme sensé être sous la responsabilité de Lola: l'angoisse se mêle à la colère et déclenche, en plus des lettres, une réflexion de l'adolescente sur sa relation avec ce petit frère imposé ("Que tu le veuilles ou non, Jérôme est un peu ton frère maintenant").

La fin, qui fait réaliser qu'il n'est jamais trop tard pour raviver une relation, est touchante.

Patricia Deschamps, septembre 2025