King's game

roman de Nobuaki KANAZAWA

Lun. 19/10, 00:00. Expéditeur : Roi. Titre : Jeu du roi.

Message : Toute votre classe participe à un jeu du roi. Les ordres du roi sont absolus et doivent être exécutés sous 24 heures.

Aucun abandon ne sera toléré. END.

Lumen, 2014, 373 p.
Lumen, 2014, 373 p.

Nobuaki est réveillé en pleine nuit par un étrange SMS qui met au défi deux de ses camarades de seconde B de s'embrasser. Le mystérieux expéditeur du message prétend que la classe entière participe à un "King's Game".

 

Sur le moment, l'adolescent n'y prête guère attention - encore un jeu débile ! Et comme les deux concernés s'exécutent dès le lendemain, l'affaire tombe dans l'oubli.

 

Mais l'ensemble de la classe reçoit un nouveau SMS dès minuit, puis un troisième la nuit suivante ! Sauf que cette fois, le garçon et la fille visés, qui ont refusé d'obéir, sont retrouvés morts pendus à leur domicile...

 

Pour Nobuaki, les deux faits sont forcément liés. Mais qui envoie les messages ? Les autres lycéens de la classe vont-ils tous subir le même sort ? Il faut absolument démasquer le roi !

L'avis de Michaël (13 ans) :

Même si je me suis un peu emmêlé avec les noms japonais, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup d'action (du fait des défis) et beaucoup de mystère : Nobuaki enquête pour trouver qui est le Roi et mettre fin au jeu. Quand les élèves ont des gages, on assiste à des scènes horribles qui font froid dans le dos !! C'est une histoire haletante qui se lit vite !

Octobre 2014

Mon avis :

Quelle déception, ce roman ! L'idée de départ est sympa, mais le livre tellement mal écrit que cela gâche tout...

Tout commence avec un héros sans consistance sorti de nulle part, dont on n'apprendra guère plus au long de l'histoire. Il a un meilleur ami un peu plouc, Naoya, et une petite amie un peu coincée Chiemi, ainsi qu'une mère présente et qui pourtant ne s'inquiète pas qu'il découche ou sèche les cours. Les relations que Nobuaki peut bien entretenir avec les autres élèves de sa seconde B sont purement artificielles, surgissant pile au moment où l'ordre du roi tombe pour disparaître aussitôt après quand ledit camarade meurt. Ainsi, les liens se nouent et se dénouent de manière superficielle uniquement dans le but de servir l'intrigue... Par exemple en nous apprenant que Nami était secrètement amoureuse de Nobuaki, l'auteur pense rendre son destin plus touchant. Raté.

 

Mais le pire reste la platitude des répliques dans les dialogues, avec qui plus est tous ces points d'exclamation que l'auteur utilise systématiquement. Les personnages sont sensés être au lycée mais s'expriment comme des collégiens. Et puis entre la réception des SMS ne subsistent que des moments creux où il ne se passe pas grand chose.

Et puis j'ai trouvé les ordres du roi plutôt malsains... Les élèves sont forcés à se peloter et même à coucher ensemble. Nobuaki lui-même "prête" sa copine à son meilleur pote pour qu'il réussisse l'ordre (avoir un rapport sexuel)... Quant à Kana, elle va jusqu'à se prostituer auprès des garçons de la classe pour obtenir leur vote (défi : élire le plus populaire entre deux lycéens) !

 

Pourtant, on décèle dans le roman quelques idées intéressantes à développer, comme celle de la stratégie que les adolescents mettent rapidement en place pour sauver leur peau : "Il était crucial d'éviter de se faire des ennemis", constate amèrement le héros qui comprend que les réactions des uns et des autres aux terribles ordres du roi ont des conséquences sur leurs agissements ultérieurs. Il réalise aussi bien vite que dans ce genre de situation extrême, il n'y a plus d'amitié qui compte... Les personnalités se révèlent, dévoilant "un monde d'hypocrisie et de faux-semblants où l'on blesse ses prétendus amis sans aucun scrupule pour se protéger"... Seule prédomine "la peur panique de la mort" qui surprend les adolescents du jour au lendemain dans leur petite vie tranquille. Et quelles morts atroces ! De ce côté-là, l'intrigue offre de belles scènes d'épouvante, avec toujours en suspens la question de l'identité du meneur de jeu, pour qui "seuls étaient indispensables l'obéissance absolue, la colère, la traîtrise, la vengeance, le ressentiment et la jalousie." Un roi au pouvoir surnaturel, à la fois omniscient et capable de donner la mort instantanément grâce aux suggestions subliminales...

 

Bref, même si le dernier quart du livre est mieux écrit, il reste dans son ensemble un récit maladroit, aux personnages, situations et dialogues trop artificiels pour être captivants. Les ordres du roi sont sordides et la tuerie donne une ambiance de plus en plus glauque au fur et à mesure que les morts, toujours plus atroces et sanglantes, s'accélèrent sous le regard impuissant du héros. Dans le même genre, j'avais nettement préféré Battle Royale, paru il y a quelques années.

A noter : King's game existe aussi en manga.

Patricia Deschamps, novembre 2014

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