Julia, fille de César

Journal d'une jeune Romaine, 73-59 av. J.-C.

de Viviane KOENIG

- Je tiens à toi plus que tu ne l'imagines, ma petite fille.

Gallimard jeunesse, 2020, 158 p. (Mon Histoire)
Gallimard jeunesse, 2020, 158 p. (Mon Histoire)

 

73 avant J.-C. Appelée à rejoindre son père dont elle était séparée, Julia, dix ans, découvre la ville de Rome. Etre la fille unique de Jules César, jeune politicien ambitieux, n'est pas toujours chose facile. Entre une mère et une grand-mère intransigeantes, les caprices ne sont pas de mise. Julia doit s'adapter à cette ville grouillante et sale, aux exigences d'une vie de devoirs dans une solitude parfois pesante. La jeune fille a une fâcheuse tendance à écouter aux portes... 

Mon avis :

Avec ce livre, j'ai découvert que Jules César avait véritablement eu une fille. Si ce journal est en partie romancé, on y suit de façon précise le quotidien d'une jeune Romaine de bonne famille. Julia évolue entre ses proches et ses esclaves, suit des leçons le matin ("un curieux mélange de lecture de textes anciens ou modernes en grec comme en latin, de dictées, de règles de grammaire, de listes de vocabulaire, de calculs embrouillés, de problèmes à résoudre et de dizaines de vers appris par cœur") tandis que l'après-midi est voué au métier à tisser et à l'exploration de la ville de Rome "en perpétuelle agitation". L'auteure glisse de nombreux détails sur l'alimentation, la mode, les fêtes et les loisirs à l'époque antique (thermes, théâtre, jeux de société, courses de cheveux, combats de chiens...) tandis que Julia converse et s'amuse avec ses parents et sa grand-mère lors de sympathiques moments en famille. Si elle se sent souvent seule du fait d'être fille unique, elle n'en est pas moins chérie, y compris par ce père qu'elle découvre sur le tard et qui est accaparé par sa carrière politique.

 

A travers les yeux de sa fille, Jules César donne le sentiment d'être ambitieux et autoritaire mais aussi à l'écoute et attentionné. Ses "rêves de grandeur" lui valent déjà des ennemis alors qu'il n'est que pontife (Grand Prêtre) car malgré sa jeunesse (il a 26 ans au début du récit), il est déjà très prometteur. Julia, durant ses "activités d'espionne" aux portes, entend parler des mystérieux "ennemis de notre famille" et des inquiétants complots contre son père dont la vie est souvent en danger. Non seulement elle apprend à être forte ("la fille de César ne doit jamais faiblir") mais elle développe également une certaine curiosité pour la vie politique, notamment la révolte de l'esclave Spartacus qui agite l'empire en ces années -73/-71. D'un autre côté, c'est une jeune fille sensible au malheur des autres et qui aime "le spectacle de la rue", c'est-à-dire observer ses congénères, quand elle ne s'amuse pas avec son chat et son rossignol.

 

Le journal s'étend sur plusieurs années, on la voit donc évoluer tandis que son père grimpe un à un les échelons (tribun militaire, questeur en Hispanie, et enfin consul avec Crassus et Pompée dans le tout premier triumvirat). Un lexique, des pages documentaires et une chronologie en fin d'ouvrage permettent de mieux comprendre la partie historique si besoin.

Les écrits s'espacent de plus en plus dans le temps, ce qui évite les redondances. On suit Julia jusqu'à ses 22 ans et le texte s'arrête à la veille de son mariage. Cependant quelques mots nous éclairent sur la suite de la courte existence de cette femme d'une des plus vieilles familles de Rome qui "alliait l'intelligence à la beauté".

 

Patricia Deschamps, juillet 2020

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