Je suis boloss, mais je me soigne

roman d'Arthur TENOR

Dans le milieu adolescent, une réputation, ça se détruit en un rien de temps, et très facilement.

Oskar, 2016, 108 p.
Oskar, 2016, 108 p.

 

Quand on est petit à lunettes, timide et un peu geek, on est tout de suite catalogué "boloss". Clément, en 4e, en sait quelque chose : Insultes débiles et petites tapes derrière la tête sont le lot quotidien de son calvaire. Avec son amie Noémie, petite grosse aux cheveux châtain-moche, ils ont même été élus le couple le plus boloss par Léa et Jordan, ceux qui ont le swag.

 

Mais Clément en a assez et décide de prendre sa réputation en main : il pense en effet avoir un super plan pour devenir populaire...

Mon avis :

Un petit roman qui brasse tous les aspects du harcèlement.

"Nullité", "bouffon", "tête à claques", sans oublier la tape bien humiliante derrière la tête... Chaque jour, Clément fait les frais de Jordan et sa bande. Faut-il en parler ? se demande-t-il. Non, il n'est pas une balance. Mais pourquoi lui ? C'est certainement sa faute, conclut-il à tort. Résigné, il voit la bolosserie comme un "monde cruel où les petits, les gros, les mal nés ou même simplement les gentils qui ne font de mal à personne, s'en prennent plein la tête juste à cause de ce que la nature ou la malchance a fait d'eux". Sa copine Noémie, elle aussi le centre des moqueries, ne se laisse au contraire pas faire, répliquant comme elle peut à ces remarques blessantes.

 

Pour autant l'adolescente refuse de le suivre dans sa conquête de popularité, considérant que "le plan de son copain est foireux". Malgré les réticences de sa camarade ("Parce que tu te vois déjà populaire en faisant ce genre de bêtises ?"), Clément fonce sans le moindre scrupule dans un canular impliquant les réseaux sociaux : "Le boloss se rebiffe !". Pour lui "ce n'est qu'un jeu", même s'il reconnaît qu'il n'oserait jamais faire ce genre de chose "au collège ou dans la rue". Cependant, se montrant de plus en plus manipulateur, il sent peu à peu "poindre un malaise".

 

Son idée prend d'ailleurs rapidement des proportions qui lui échappent, l'occasion pour l'auteur de glisser en passant un avertissement concernant l'usage d'Internet et "combien il est facile de se faire avoir quand on est trop confiant". C'est grâce au professeur de français que la situation se décantera et cette solution est appréciable tant les enseignants sont montrés du doigt dans les situations de harcèlement comme autant de témoins passifs. "L'enfer au collège", M. Vachet l'a connu (serait-ce le petit Gaspard du roman éponyme ?) et il intervient avec tact auprès de Clément pour lui faire comprendre qu'il n'a rien à gagner à se faire passer pour ce qu'il n'est pas. Il lui confie quelques "clés" mais c'est à l'adolescent de trouver "la piste qui vous mènera au meilleur de vous-même". A la fois ragaillardi et encouragé à méditer, Clément évoluera positivement : "Désormais, ce qui compte le plus dans sa vie, ce n'est pas l'opinion que les autres ont de lui, mais ce qu'il fait et ce qu'il est réellement". Par ailleurs M. Vachet n'hésitera pas à intervenir en parallèle auprès de Jordan le harceleur.

 

Ainsi, malgré quelques résidus de mots désuets fréquents chez l'auteur (comme "quolibets", "chicaneries" ou encore "crânerie"), ce roman s'attelle à un thème d'actualité de manière pertinente, offrant matière à réfléchir et surtout l'espoir qu'une solution est possible, à plusieurs.

Patricia Deschamps, novembre 2017


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