Internet aussi, c'est la vraie vie !

documentaire de Lucie RONFAUT-HAZARD et Mirion MALLE

Les machines ne sont jamais infaillibles. Et nous, humains, devons rester vigilant·es.

La ville brûle, 2022, 70 pages
La ville brûle, 2022, 70 pages

Les grandes entreprises qui dominent le web sont-elles dangereuses ? Une intelligence artificielle peut-elle être stupide ? Internet est-il raciste et sexiste ? Pourquoi se sent-on moche sur les réseaux sociaux ? Qui a dit que les smartphones rendaient les ados bêtes et tristes ? Internet, le web et les nouvelles technologies font partie de notre quotidien, alors réfléchir aux liens entre le numérique et le monde dans lequel nous vivons, c’est tenter de répondre à de nombreuses questions qui ont un impact immédiat sur nos vies.

Mon avis :

Voici un livre très instructif et très complet qui aborde tous les thèmes de réflexion liés aux usages du numérique sans se focaliser sur le négatif et en levant quelques clichés. Le premier chapitre est consacré aux géants du web, les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon, auxquels on peut ajouter Microsoft), ce qui est l'occasion d'expliquer un peu de vocabulaire et de réaliser les milliards de dollars de chiffre d'affaire réalisés par ces cinq-là (sachant que Google possède Youtube, et que Instagram et Whatsapp appartiennent à Facebook...). Le risque étant, pour les utilisateurs, de subir un "abus de position dominante" car ces entreprises n'ont pas de réelle concurrence.

Par ailleurs, le règlement général sur la protection des données (RGPD) n'empêche pas la surveillance et l'usage des données récoltées, car "c'est grâce à nos données que les entreprises du numérique s'enrichissent". Enfin, il faut être conscient que les algorithmes utilisés nous enferment dans des contenus très similaires ("Cela peut t'empêcher de découvrir d'autres choses, d'exercer ta curiosité, et cela restreint tes choix").

 

Ces algorithmes qui pilotent les réseaux sociaux ont tendance à y reproduire nos comportements IRL, comme la discrimination et le harcèlement. Mais ils n'en sont pas la cause: "Les réseaux sociaux n'ont pas inventé la haine. En revanche, ils sont capables de la rendre virale". La modération se faisant a posteriori, "des contenus illégaux, choquants ou même dangereux peuvent rester visibles et être partagés durant un certain temps".

Mais les réseaux sociaux permettent aussi à des communautés très diverses de s'exprimer, de se faire entendre, voire de se mobiliser autour d'une cause.

 

J'ai apprécié que l'autrice évoque l'impact du numérique sur la planète. On n'est pas toujours conscient que "chaque contenu (photo, vidéo, mail, etc.) ou geste (liker, scroller, télécharger, stocker) des internautes est hébergé dans des data centers qui stockent et transmettent des données 24h sur 24 et 7 jours sur 7". Pour autant, les entreprises restent les principaux pollueurs à cause de leurs émissions de CO2 et leur course à la surconsommation.

 

Ainsi il ne s'agit pas d'accuser le numérique de tous les maux. Les jeunes sont impactés par d'autres éléments dans leur vie ("Si une petite fille a des difficultés de langage, est-ce parce qu'elle regarde trop de vidéos en ligne ou parce que ses parents jouent peu avec elle ou ne lui parlent pas assez?). Le livre alerte donc sur certains dangers mais encourage également (les adultes!) à accepter que ce qui se passe sur le web a autant d'importance pour les nouvelles générations que ce qui se passe dans la rue: "Le web n'est pas un monde à part, c'est un espace qui nous appartient à tous et à toutes".

Patricia Deschamps, novembre 2022


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