Une foule d'images se bousculent dans son esprit.
Le long couloir immaculé.
La lumière vive.
La porte close.
Le numéro trente-sept.
Les ombres menaçantes qui dansent autour d'elle et se précipitent pour l'absorber.
Du plus loin qu'elle s'en souvienne, Valentine a toujours été épileptique. Crises, absences, pertes de conscience, examens à répétition, suivi médical, regards de biais, chuchotements... Elle a toujours vécu avec la maladie et surtout avec ce sentiment de ne pas être comme les autres. Et puis il y a ce cauchemar récurrent, dans lequel Valentine se trouve projetée dans un labyrinthe aux portes multiples, hanté par des spectres menaçants... Elle y est toujours sauvée in extremis par un garçon au regard clair.
Comme ses crises s'agravent, Valentine est envoyée dans un institut spécialisé près de Grenoble, dirigé par le professeur John Hughling. Quelle n'est pas sa surprise lorsqu'elle y retrouve le garçon de ses cauchemars ! Il s'appelle Vincent et comme elle, il est épileptique.
Tous deux sont recrutés par le professeur Hughling pour participer à son programme expérimental, Apasmara, qui consiste à exploiter les pertes de conscience des épileptiques. Car pour Hughling, le labyrinthe que Valentine et Vincent explorent pendant leurs crises existe réellement. Chaque porte ouvre sur une version possible de la ville de Grenoble, chaque porte ouvre sur un monde qui n'est pas tout à fait la réalité mais montrant ce qui pourrait arriver si les événements en étaient perturbés. Pour le professeur, l'épilepsie n'est donc pas une maladie mais un don, qu'il appelle "interception" : autrement dit, la capacité à accéder à l'ensemble des réels possibles...
Voici donc les deux adolescents chargés d'une mission périlleuse : retourner volontairement dans le labyrinthe et l'apprivoiser, afin de maintenir le fragile équilibre qui stabilise notre monde en première position. L'infinité de mondes qui existent dans le labyrinthe sont en effet en perpétuelle concurrence. Et si les adolescents laissent les spectres vaincre, le monde actuel risque de sombrer dans le chaos...
Mon avis :
Une écriture fluide, un récit dynamique sans aucun temps mort, une intrigue claire et cohérente, on accroche à ce roman dès les premières pages et il est bien difficile d'en interrompre la lecture !
J'ai bien aimé l'idée que la maladie de l'héroïne devienne un don, que la souffrance qu'elle subissait au quotidien se transforme en une force à l'Institut. Il y a matière à une jolie réflexion sur la différence, ce qui fait que l'on se sent différent dans un certain contexte, avec certaines personnes, et pas forcément dans d'autres... Ce qui fait qu'une différence, aussi, peut devenir un atout...
Quant aux diverses réalités du "labyrinthe des possibles", elles donnent tout simplement le vertige !.. Plus qu'un thriller, "Interception" est un croisement entre fantastique et uchronie qui donne envie de découvrir les polars pour adultes de Marin Ledun !
Patricia Deschamps, mars 2013